Les défaillances d’entreprises continuent d’exploser
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Les défauts des PME et ETI sont au plus haut depuis plus de dix ans maintenant et les défaillances d’entreprises dans leur globalité ont augmenté de 35 % par rapport au T2 2022. Ainsi, comme l’indique Altares dans son étude trimestrielle sur le sujet, la France enregistre son bilan le plus lourd depuis 2016, bien au-delà donc des niveaux de défaillances d’avant crise sanitaire.
Les donneurs d’ordres peuvent craindre le pire pour leurs petits fournisseurs. En effet, les défauts des PME et TPE n’ont jamais été aussi élevés depuis plus de dix ans. Et il en va de même pour les ETI. Les secondes constituent toutefois le plus gros des entreprises en défaillances, puisqu’un peu plus de 12 000 entreprises défaillantes comptent moins de 10 salariés, ce qui représente un peu plus de 90 % du total des défauts. Le rythme d’augmentation est cependant bien plus important chez les PME et ETI. Si les défaillances de TPE bondissent de 33 % par rapport au T2 2022 (9095), les PME ETI enregistrent une hausse de 55 % du nombre de procédures vs le T2 2022. Toutes les couches sont donc touchées par ce phénomène féroce.
L’inquiétude augmente donc ; la vague, elle, semble inarrêtable. Avec quelque 13 266 procédures ouvertes au total entre le 1er avril et le 30 juin 2023, le nombre de défaillances augmente de 35 % par rapport au 2e trimestre 2022 et dépasse désormais très largement les niveaux d’avant crise. Ce nombre est supérieur aux 13 000 défauts recensés sur la même période en 2017, mais encore inférieur aux 14 000 défaillances enregistrées en 2016. Plus de 55 000 emplois sont menacés, un « seuil jamais observé depuis 2014, fait savoir Altares. Si le secteur du BTP résiste tant bien que mal, se maintenant à des niveaux encore sous les seuils d’avant Covid, d’autres activités, comme le transport routier, vacillent. Et pas qu’un peu. À noter le petit espoir d’Altares pour les entreprises de moins de trois ans, qui semblent être solides, puisque le nombre de défaillances sur cette catégorie recule de cinq points. Un bon point, sachant que les défaillances sur cette même catégorie explosaient l’an dernier à hauteur de 130 %.
Autre point de vigilance : le nombre de procédures de sauvegarde (431) est, quasiment, à son plus haut niveau historique ; signe d’une période de tous les dangers et particulièrement âpre pour beaucoup d’acteurs économiques du pays. Les liquidations judiciaires accusent également une (très) forte accélération. Près de 9400 liquidations ont été prononcées, un nombre de peu similaire à celui du T2 2016 (9700). Des chiffres qui illustrent la détresse financière de bien des entreprises. En revanche, les procédures de redressement judiciaire recensées sont moins nombreuses qu’en 2019.
Tous les secteurs balbutient, le secteur industriel et le transport dans le rouge
Comme évoqué plus haut, le secteur de la construction résiste encore, mais pour combien de temps ? Lui aussi, comme l’indique Altares, s’inscrit sur une tendance haussière somme toute inquiétante. Le BTP a en effet enregistré 3084 défauts, soit une hausse de 35 %. Plus précisément, le gros œuvre en a enregistré 885, soit moins qu’au T2 2019 (1039), tandis que le second œuvre est à la peine, renouant presque au niveau d’avant crise (1522 au T2 2023 et 1575 sur la même période en 2019). L’industrie manufacturière connaît, à l’instar du second œuvre, une période particulièrement agitée avec 515 enregistrées sur le deuxième trimestre de l’année, soit une hausse de 19 %. Le nombre des défaillances est au plus haut depuis cinq ans (576 au T2 2017). C’est le cas dans les activités de fabrication de vêtements de dessus, de charpentes, de prépresse ou de mécanique industrielle.
Pire encore, le secteur des services aux entreprises enregistre son niveau de défaillances le plus élevé depuis 2013, en enregistrant 1750 au deuxième trimestre, en hausse de 30 % par rapport à T2 2022. Les services d’aménagement paysager, les foires et les salons ou agences de voyage sont au plus haut sur la décennie. Le transport routier de marchandises est peut-être le secteur qui inquiète le plus. S’il n’enregistre « que » 328 défaillances sur le deuxième trimestre 2023, le secteur fait face à un niveau de « sinistralité jamais atteint depuis plus de dix ans ». Si le fret de proximité (182 ; + 23 %) revient à sa situation du T2 2016, en revanche, le niveau de défauts de l’interurbain (132 ; + 31 %) est sans égal sur dix ans.