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Les niveaux de défaillances d’entreprises augmentent dans le monde

Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité

Les faillites d’entreprises s’accélèrent dans de nombreux pays du monde, aussi bien en Europe, dans les Amériques et en Asie. Les causes avancées par Altares dans une étude dévoilée récemment sont nombreuses. État des lieux :

Les niveaux de défaillances d’entreprises augmentent dans le monde
Les niveaux de défaillances d’entreprises augmentent dans le monde

Il n’y a pas qu’en France que les défaillances d’entreprise explosent. Comme l’indique Altares dans une étude dévoilée récemment, plus de la moitié des 45 pays et régions surveillés par Dun & Bradstreet ont été frappés par une augmentation significative des faillites d’entreprises en 2023. Une vingtaine ont en effet signalé une « hausse alarmante » par rapport aux données collectées en 2022. Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada souffrent particulièrement de cette tendance inquiétante. Leur taux de faillite a, comme en France, dépassé ceux d’avant la pandémie. L’Italie et l’Espagne sont aussi très exposés, mais les deux pays enregistrent toutefois une baisse des faillites d’entreprise. Parmi les causes évoquées par Altares : la diminution des réserves de liquidités, la pression exercée par les taux d’intérêt toujours plus élevés, la baisse de la demande mondiale et le retour à la normale post-Covid.

L’inflation, bien que toujours existante, n’est pas la cause première des tourments des entreprises. L’horizon s’est même éclairci. Après avoir grimpé en flèche en 2022, les prix des matières premières ont augmenté tout au long de l’année 2023 de façon plus modérée. Les prix du gaz naturel et du charbon ont chuté après avoir atteint des sommets, les prix des métaux de base et des produits agricoles ont également diminué. Les prix du pétrole brut ont eux aussi diminué, d’environ 20 %, par rapport à l’année 2022.

Les politiques des banques centrales se sont durcies

Mais cette baisse des prix, parfois, n’a pas permis à toutes les entreprises de survivre. Le « maintien » de l’inflation à des niveaux soutenables est aussi le résultat de politiques menées par les banques centrales. Celles-ci ont resserré la politique monétaire et augmenté les taux d’intérêt de façon conséquente. Et elles « risquent de maintenir les taux d’intérêt à un niveau plus élevé pendant longtemps », estime Altares, prolongeant ainsi la pression sur les consommateurs et les entreprises en rendant le financement plus coûteux et moins accessible. Derrière, ce sont les conditions de paiements qui se durcissent et les liquidités et la solvabilité des entreprises en pâtissent.

Les politiques monétaires devraient continuer à être strictes durant une longue période donc. Et des coûts d’emprunt plus élevés, associés à de faibles niveaux de liquidité pourraient entraîner d’importants problèmes de gestion des flux de trésorerie pour les entreprises en difficulté. À cela s’ajoutent les risques géopolitiques de plus en plus présents. Ceux-ci pèsent lourdement sur les perspectives en matière de faillites mondiales. Les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine alourdissent en effet la pression sur les entreprises les plus en difficultés et continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement.

L’Asie-Pacifique est l’une des zones géographiques où les entreprises s’en sont le mieux sorties. Cette situation s’explique en grande partie par une demande intérieure qui s’est renforcée, par une reprise, bien qu’atténuée, en Chine continentale aussi. En outre, la poussée inflationniste a été bien moins marquée qu’en Europe et dans les Amériques. Les faillites ont toutefois augmenté dans la région, mais moins vite que ce qui aurait pu être attendu. L’affaiblissement des monnaies et l’augmentation du coût du financement n’ont pas aidé les entreprises à augmenter leur résilience. Il est à noter toutefois que les faillites en Inde les faillites ont fait un bond de 84 % au cours des trois premiers trimestres de l’année. En comparaison, les faillites n’ont augmenté que de 4 % à Hong Kong en 2023, preuve que l’économie du pays s’est bien comportée.

Des disparités importantes entre pays de même continent

Sur le continent asiatique, toujours, la Corée du Sud a connu une période difficile. Après avoir enregistré des années durant des baisses, le pays a vu de plus en plus d’entreprises défaillir depuis la fin d’année 2022. Le niveau de défaillances a même progressé de 27 % en glissement annuel en 2023. Plus globalement, les faillites ont augmenté sur les marchés d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. La hausse des taux d’intérêt et la normalisation post pandémie avec la suppression des aides d’état affaiblissent grandement les entreprises. L’industrie manufacturière, les entreprises de construction ont particulièrement souffert.

En Europe, les plus fortes hausses de défaillances ont été enregistrées en Croatie (+18,5 % par rapport au 3e trimestre 2023), en Slovaquie (+16,8 %) et au Luxembourg (+15,7 %). Là encore, l’industrie manufacturière et les entreprises de construction, sans oublier les entreprises de transport, sont à la peine. Dans le nord du continent, le nombre total de faillites a augmenté de 5,6 % en 2023 par rapport à 2022. À l’exception du Danemark, tous les pays de la région ont connu une hausse significative des faillites : en Norvège, le niveau de défaillance a bondi de 18 %, en Finlande de 16 % et en Suède de 13 %. En Suède, les défaillances d’entreprise ont même atteint en 2023 leur plus haut niveau depuis les années 1990. De son côté, le Danemark a vu le nombre de faillites diminuer de 11 % sur son territoire. À l’est, en Hongrie, en Roumanie et en Lettonie enregistrent eux aussi des baisses significatives, d’environ 25 % de faillites en moins par rapport au trimestre précédent.

Amérique du Sud, le Brésil Le Brésil a également enregistré une réduction de 13 % des fermetures d’entreprises, y compris les faillites. Plus globalement, Altares prévoit une hausse minime des défaillances d’entreprise dans la région. Aux États-Unis en revanche, le niveau de faillites d’entreprise a explosé : Altares enregistre une hausse de 79 % d’une année sur l’autre.