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Crème de la crème entre dans une nouvelle dimension avec un LBO et vise des acquisitions

  • Mehdi Arhab
  • Le
  • Prestations intellectuelles

Crème de la crème franchit une nouvelle étape et démarre une nouvelle ère avec un LBO. En se rapprochant du fonds Mindstone, la plateforme de relation entre freelances de l’IT et grandes entreprises, réorganise son capital et dispose d’une première ligne d’investissement non négligeable pour réaliser des opérations de croissance externe.

Jean-Charles Varlet, co-fondateur et CEO de crème de la crème - © D.R.
Jean-Charles Varlet, co-fondateur et CEO de crème de la crème - © D.R.

Rares sont les plateformes d’intermédiation qui parviennent à atteindre la rentabilité. Dans le milieu, crème de la crème fait partie des rares exceptions. La structure, née en 2015 et qui emploie 40 personnes, revendique pas moins de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires sur son exercice 2024 et devrait boucler son exercice 2025 avec 50 millions d’euros de revenus dans les poches. La plateforme a, en dix ans seulement, gravi les échelons un à un.

Elle est depuis 2020 rentable et largement viable. Après avoir levé trois millions d’euros en juin 2018, dans une opération qui avait été menée par le fonds Eiffel et des business angels reconnus, parmi lesquels Christophe Courtin, fondateur du groupe Santiane, ou encore Fabrice Berger-Duquene, co-fondateur de Webedia et de Teeps, crème de la crème a décidé de se défaire du schéma classique de la levée de fonds. La plateforme n’en a d’ailleurs plus besoin au demeurant ; elle demeure solide sur ses appuis financiers, sa croissance rentable, et nourrit de toutes nouvelles ambitions.

« Devenir une plateforme de consolidation du marché »

C’est aussi pourquoi crème de la crème s’est rapprochée du fonds Mindstone, un nouveau family office fondé par l’entrepreneur Christophe Eberlé (qui a vendu son entreprise Optimind à Accenture et profité des fonds à disposition pour créer ce family office), pour réaliser un LBO (« leveraged buy-out » en anglais), qui, dans les grandes lignes, permet aux dirigeants de renforcer leur position au capital tout en optimisant leurs capacités d’investissement, grâce à un effet de levier mêlant capital et dette. Cette réorganisation majeure sur le plan capitalistique permet donc à crème de la crème de toucher du doigt son objectif : devenir à terme l’une des principales plateformes de consolidation du marché, si ce n’est la principale.

Nous nous projetons sur un temps long et avons passé en revue les différentes possibilités qui se présentaient à nous pour franchir de nouvelles étapes de croissance. Nous sommes vite arrivés à la conclusion que crème de la crème devait se solidifier et devenir un groupe

Avec Mindstone, crème de la crème s’offre le droit de rêver plus grand et pourra désormais mettre sur pied sa politique de croissance externe à travers l’obtention d’une première ligne de dette de 10 millions d’euros. Jean-Charles Varlet, co-fondateur et CEO de la plateforme, garde la main et vise une à deux acquisitions par an. La première pourrait d’ailleurs être annoncée très prochainement. De quoi faire enfin de crème de la crème un groupe intégré. « Nous nous projetons sur un temps long et avons passé en revue les différentes possibilités qui se présentaient à nous pour franchir de nouvelles étapes de croissance. Nous sommes vite arrivés à la conclusion que crème de la crème avait la capacité de devenir un groupe permettant de consolider plusieurs acteurs du marché », nous explique-t-il. « Le fait de travailler avec un acteur tel que Mindstone nous permet avant tout de gagner du savoir-faire, celui de la croissance externe qui nous est encore inconnue », poursuit le patron de crème de la crème.

Ce dernier a en parallèle pris le soin de faire remonter au capital l’ensemble du management de crème de la crème, notamment Grégory Beck, co-fondateur et COO. « Nous avons significativement réinvesti dans l’opération et pu ainsi nous reluer afin de détenir davantage de parts dans la société », indique Jean-Charles Varlet, avant d’ajouter : « l’entreprise surfe sur une excellente dynamique, avec un taux de croissance croissance annuel à deux chiffres depuis sa création. Depuis le Covid, nous avons vraiment changé de dimension. Nous sommes depuis en pleine forme et il y a de quoi être optimiste pour l’avenir. Nos perspectives sont bonnes. »

Développement du modèle « tech-enabled services » combinant la force de la technologie et la qualité du conseil sur-mesure.

Cette réorganisation stratégique du capital, qui doit donc permettre à crème de la crème d’accélérer sa croissance, d’amorcer la consolidation du marché et de s’imposer comme la référence du freelancing premium, constitue un vrai tour de force. La plateforme revendique aujourd’hui pas moins de 30 000 freelances IT (développement informatique, Data, IA, Cloud, Cyber, Conseil …) triés sur le volet. « La séléctivité des experts est l’une des notre principales spécificités et c’est ce que recherchent nos clients. Nous refusons de céder au tout-venant comme le font les marketplaces. La sélection, effectuée par nos équipes et par notre IA, s’effectue notamment sur la base des références clients et des expertises des freelances. Nous travaillons à la manière d’un grand cabinet de conseil, tout en y ajoutant la puissance de la tech », expose Jean-Charles Varlet.

Crème de la crème se positionne ainsi comme l’un des acteurs majeurs de la mise en relation de freelances haut de gamme avec les grandes entreprises. Elle a aujourd’hui les faveurs de grands noms, parmi lesquels BNP Paribas, Canal +, La Poste, France TV, Air Liquide, Pernod Ricard, LVMH, Kering, L’Oréal, Chanel ou encore Estée Lauder, chez qui elle vient de remporter un important appel d’offres. « Cela prouve que nous sommes reconnus par les grands groupes », souligne Jean-Charles Varlet

Pour grandir comme espéré, crème de la crème prévoit de continuer d’investir dans sa technologie, son Freelancer Management System (FMS), véritable clé de voûte de sa rentabilité opérationnelle et réacteur de l’entreprise. À ce titre, le recrutement d’un head of IA a notamment été lancé. L’objectif de crème de la crème est de parvenir à accroître encore l’efficacité et le niveau d’automatisation de son FMS, boosté justement à l’IA pour faire « matcher » en temps réel les compétences, les besoins et mieux piloter les talents engagés auprès de ses clients. « Notre FMS permet non seulement de fluidifier le matching, mais aussi le paiement, les comptes rendus d’activité et assure globalement aux directions achats un pilotage complet de leur activité », rappelle Jean-Charles Varlet.

Notre culture est faite de tech et il faut, à nos yeux, répondre le plus possible à nos défis opérationnels avec l’automatisation

Cette recherche d’automatisation des process est chez crème de la crème une quête de tous les instants et Jean-Charles Varlet ne s’en cache pas. « Cela reflète bien notre vision et approche. Notre culture est faite de tech et il faut, à nos yeux, répondre le plus possible à nos défis opérationnels avec l’automatisation. C’est aussi ce qui nous a permis d’être là où nous sommes. C’est une vision propre, mais qui a largement porté ses fruits jusqu’ici. » Le tout pour ce dernier est de continuer à garantir l’excellence des profils sélectionnés et de proposer des délais de recrutement toujours plus court, défiant toute concurrence, tout en réduisant également les coûts de ses clients, mais aussi et surtout de son entreprise. « Aujourd’hui, nous sommes en mesure de mettre à disposition de nos clients et de faire démarrer des profils en moins de 48 heures », assure le patron de crème de la crème.

Un large panel d’expertises

In fine, sa politique de build-up doit l’aider à renforcer sensiblement la gamme de services proposés aux grands groupes, à travers des investissements ciblés notamment dans de nouvelles verticales clés comme l’intelligence artificielle, la data, la cybersécurité, le cloud, le conseil et le management de transition. « Nous voulons accélérer le mouvement de consolidation sur des verticales métiers et d’expertises qui font sens pour nos clients, tout en continuant à être une plateforme sélective de freelances, prévient Jean-Charles Varlet. C’est aussi ce qui fait notre excellence. » Pour mener à bien sa stratégie, crème de la crème devrait profiter des conditions du marché, au sein duquel certains acteurs, faute de générer de la croissance, se mettent plus facilement à la vente.

Crème de la crème entend par la même occasion élargir (très) rapidement son empreinte géographique en France d’abord, et en Europe sans doute ensuite, pour être au plus proche de ses clients. « Avant de s’internationaliser, nous allons nous régionaliser. L’activité de nos clients à l’international, qui pèse 10 % de notre total, est gérée depuis nos bureaux en France et peut pour le moment continuer de l’être », expose Jean-Charles Varlet. Aujourd’hui, la plateforme dispose d’un bureau à Lille et à Nantes en plus de son siège situé en Île-de-France. Crème de la crème compte désormais ouvrir un bureau un à Lyon, Marseille et Toulouse, trois pôles économiques majeurs. Une manière pour elle de se rapprocher de certains plateaux techniques de ses clients et prospects. La plateforme assure déjà travailler avec au moins 60 % des entreprises du CAC 40 et de nombreuses du SBF 120 plus globalement. Dans un marché qui a vu ces dernières années de nombreuses plateformes émerger, c’est un bel exploit. L’exigence des donneurs d’ordre s’est accrue, la demande en compétences pointues, qui ne constituent plus la propriété exclusive des ESN, s’est quant à elle largement accélérée. Crème de la crème a donc un véritable coup à jouer.