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Tendances Achats AgileBuyer CNA : 2025, une année à risques

Par Guillaume Trecan | Le | Consultant

Entre la remontée en flèche des défaillances fournisseurs et la volonté des acheteurs de réduire les coûts après deux ans d’inflation, l’année 2025 risque de réserver quelques pièges. Mais après tout, les directions achats ne sont-elles pas devenues des expertes de la navigation par temps instable ? Résultat et analyse du sondage Tendances Achats AgileBuyer CNA.

Tendances Achats AgileBuyer CNA : 2025, une année à risques
Tendances Achats AgileBuyer CNA : 2025, une année à risques

L’édition 2025 du sondage Tendances Achats réalisée par le cabinet AgileBuyer en partenariat avec le CNA révèle la conjonction inquiétante de deux courbes croissantes : celles du risque fournisseur et celle des ambitions de réduction des coûts. En 2025, la proportion de directions achats plaçant la réduction de coûts comme une priorité demeure au niveau très élevé de 77 %, comme en 2024, mais beaucoup plus qu’en 2023 (66 %) et 2022 (55 %). Malgré la mauvaise santé des comptes publics, cette priorité reste toutefois beaucoup plus marquée dans le secteur privé (87 %) que dans le secteur public (52 %). Après deux années d’inflation, les entreprises ont en effet à cœur de reprendre les choses en main. La proportion des directions achats qui entendent « renégocier leurs contrats fournisseurs avec le contexte de début de déflation » s’élèvent ainsi à 67 %.

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Alors que les Achats ont subi les comportements anormaux de certains fournisseurs ces dernières années, ils vont maintenant devoir être au chevet de beaucoup de fournisseurs

Pourtant, les écosystèmes fournisseurs semblent déjà souffrir du ralentissement de l’économie, de l’aveu même des professionnels des achats, qui sont 65 % à anticiper des risques de défaillances fournisseurs. C’est le premier risque cité, loin devant les risques de cyber-attaques (42 %) et le manque de ressources (40 %). « Les défaillances fournisseurs sont actuellement à leur plus haut depuis quinze ans. Alors que les Achats ont subi les comportements anormaux de certains fournisseurs ces dernières années, ils vont maintenant devoir être au chevet de beaucoup de fournisseurs », déplore Olivier Wajnsztok.

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Des acheteurs devenus résilients à force de crises

Une fois de plus, les Achats vont donc devoir évoluer sur le fil du rasoir et gérer leurs relations fournisseurs avec doigté pour ne pas provoquer d’effet domino. Le fait est que les objectifs de gestion des risques sont au plus haut depuis plusieurs années pour la très grande majorité des directions achats. Elles sont 77 % dans ce cas en 2025, tout comme en 2024 et elles étaient déjà 75 % en 2019.

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Ces dernières années, les Achats ont fait en sorte d’accroître leurs capacités de résilience. « Nous avons gagné en agilité, en réactivité, en anticipation. Avec le Covid, s’est imposée la nécessité de s’adapter en permanence aux évolutions de la situation », considère le président du cabinet Agile Buyer, qui précise : « la gestion du risque est devenue phénoménale, le double-sourcing, notamment, s’est beaucoup développé ».

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Outre par des révisions de prix (26 %), l’inflation s’est traduite aux Achats, par la mise en place de stratégies long terme (17 %), de nouvelles sources (14 %) et un prolongement des contrats (10 %). Les actions envisagées pour sécuriser les achats vont d’ailleurs dans le même sens : double sourcing (69 %), contrats long terme (56 %), sécurisation des approvisionnements (54 %), accompagnement des fournisseurs (47 %).

Parmi les différents risques qui ont pris de l’ampleur les risques géopolitiques préoccupent de plus en plus les professionnels des achats, qui étaient 70 % à considérer qu’ils auraient un impact sur leurs stratégies en 2024, contre 74 % en 2025. Les impacts des crises sont principalement redoutés sur l’énergie (55 %), les matières premières (53 %), l’électronique (34 %) et les métaux (33 %).

La volonté de relocaliser s’affaiblit

Pas sûr pour autant que l’industrie française ou européenne profite de la volatilité de l’environnement géopolitique. En effet, alors que les répondants étaient 45 % à y voir une motivation possible pour relocaliser du sourcing, ce chiffre chute à 30 % en 2025. La volonté de réduire leur dépendance à la Chine perd également légèrement de sa vigueur, passant de 51 % à 43 %.

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Au-delà du risque, l’autre grande tendance de fond qui s’installe dans la normalité des Achats est évidemment la RSE, 78 % des professionnels des achats interrogés par AgileBuyer affichent des objectifs achats liés au développement durable et à la RSE. La décarbonation occupe les esprits de manière écrasante, en matière de RSE, priorité citée par 85 % des personnes interrogées, loin devant les questions d’éthique et de gouvernance (34 %), les achats inclusifs (34 %), la biodiversité (29 %), l’eau et les autres ressources (27 %).

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En 2025, 79 % des directions achats se sont engagées dans des actions de décarbonation contre 73 % en 2024, 77 % des personnes interrogées travaillent dans des entreprises qui ont effectué leur bilan carbone et 47 % connaissent l’empreinte de leur scope 3, contre 44 % en 2024 et 32 % en 2023.

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Une nouvelle tendance fait son entrée dans le questionnaire d’AgileBuyer qui n’est pas prête de disparaître : l’IA. Ainsi, en un an, la proportion des répondants déclarant utiliser l’IA dans leur quotidien est passée de 25 % à 40 %. Les quatre principaux usages à ce jour sont la rédaction de mails (44 %), l sourcing (40 %), les études de marché (33 %) et la rédaction des cahiers des charges (32 %).