Les délais de paiement se tendent mais ne rompent pas
Par Guillaume Trecan | Le | Ha inclusif
Le rapport annuel de l’Observatoire des délais de paiement montre une dégradation qui suit le calendrier de la crise sanitaire et a donc tendu à se corriger. Mais les retards demeurent à un point élevé, en partie à cause du comportement des grandes entreprises.
Les retards de paiement moyens en France sont passés de 11,24 jours en janvier 2020 à 15,3 jours en août, avant de revenir à 12,84 jours en décembre. Sur les trois derniers trimestres de l’année, seul un tiers (33 %) des entreprises ont payé à l’heure leurs fournisseurs. Un an plus tôt, elles étaient 38 % dans ce cas. Comme à chaque édition de cet Observatoire édité par la Banque de France, l’augmentation des retards est proportionnelle à la taille des entreprises. La dégradation des retards de paiement des TPE est de 2,1 jours, celle des PME est de 2,5 jours et celle des sociétés de plus de 250 salariés est de 2,7 jours.
Dégrader la notation Banque de France des mauvais payeurs
Mais la Banque de France entend apporter une attention particulière aux grandes entreprises en ajoutant un élément répressif qui pourrait faire bouger les lignes. Le gouverneur de la Banque de France menace en effet de dégrader la cotation des entreprises qui affichent des retards de paiement réguliers, considérant que leur performance en matière de gestion de trésorerie se fait sur le dos de leurs fournisseurs. Les 3 000 entreprises les mieux notées seront les premières à être surveillées.
La France conserve sa position médiane entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, avec comme meilleurs élèves les Pays-Bas (4,1 jours de retard au quatrième trimestre 2020), l’Allemagne (6,6 jours de retard) et la Belgique (12,2 jours de retard) et comme moins bon le Portugal (27,4 jours de retard), l’Italie (19,3 jours de retard) et l’Espagne (16 jours de retard). Toutefois les entreprises françaises affichent plus d’inquiétudes concernant leur trésorerie que leurs homologues européennes : 46 % des entreprises françaises déclarent qu’il s’agit d’une inquiétude majeure contre 38 % des entreprises européennes en moyenne.
En termes de secteurs, les deux les moins touchés par les retards sont la construction (9,9 jours de retard) et l’industrie (10,9 jours de retard), tandis que les secteurs hébergement, restauration (19,5 jours de retard), services aux particuliers (16,6 jours de retard) et services aux entreprises (16,1 jours de retard) décrochent la lanterne rouge.
Du mieux côté achats publics
Pour ce qui est de la commande publique, les délais moyens de paiement de l’Etat sont tombés à 17,3 jours en 2020, contre 19,4 jours en 2019. Au niveau des collectivités locales, les délais de paiement sont descendus à 19,2 jours contre 20,2 jours un an plus tôt. On peut sans doute y voir un bénéfice de la généralisation de la facturation électronique entre tous types de fournisseurs et les administrations publiques, en vigueur depuis le 1er janvier 2020. Dans les hôpitaux la hausse des commandes a semble-t-il engorgé les processus comptables, entraînant le délai de paiement moyen au-delà du délai réglementaire de 50 jours.
Pour autant, la DGCCRF n’a pas appliqué plus de sanctions que les années précédentes, tenant compte de la dégradation des finances des donneurs d’ordres. Ce qui ne l’a pas empêchée de porter une attention toute particulière au comportement des entreprises ayant bénéficié d’un PGE. En 2020, 182 décisions, représentant au total 29,9 millions d’euros d’amendes, ont été prononcées. Parmi les entreprises condamnées aux plus fortes amendes, on compte le distributeur Cora (2 M d’€), le transporteur routier XPO Distribution France (1,23 M d’€), la Banque postale (990 000 euros), Agefos PME (750 000 euros), Lubrizol France (530 000 euros) et Tereos (350 000 euros).