Le voyage d’affaires à 67 % de son niveau d’avant-crise
Par Mehdi Arhab | Le | Mobilités
La dernière édition du baromètre Epsa sur les voyages d’affaires présentée dans le cadre de l’IFTM Top Resa révèle une nette reprise du secteur, après deux années marquées par la pandémie de Covid et l’interruption des déplacements professionnels. L’étude indique ainsi que le secteur aura recouvert à 67 % son niveau d’activité́ de 2019 à fin 2022, un taux qui dépasse assez grandement les prévisions.
Le redressement est en marche et la reprise est à l’ordre du jour pour les voyages d’affaires donc, laissant augurer d’un retour à 100 % de l’activité en 2024, « dans le scenario le plus optimiste », précise cependant l’étude, qui a été établie sur un panel de 58 clients, comparé à la même période de l’année 2019. Une dynamique qui tire ses origines dans la reprise des déplacements professionnels d’une part et dans l’inflation d’autre part ; augmentation du panier moyen oblige. Cependant la question climatique, les enjeux énergétiques, le contexte inflationniste ainsi que les difficultés de recrutement constituent des « ombres aux tableaux », avance le baromètre et pourraient bien enrayer la tendance qui se dessine.
L’urgence climatique, le vrai tournant
Comme le rappelle ce cahier, les secteurs du tourisme et du transport sont particulièrement sous le feu des projecteurs quand il est question du climat et de ses enjeux. Et pour cause, la loi Climat et résilience prévoit par exemple une suppression des vols intérieurs en cas d’alternative en train de moins de 2h30. La bascule de l’avion au train sur certains trajets est d’ailleurs constatée par Epsa dans son étude. Le recours au train sur le trajet entre les deux premières villes françaises, Paris et Marseille, est passé à titre d’illustration de 38 % en 2016 à 52 % en 2022.
Un exemple parmi d’autres qui doit pousser le « secteur aérien à repenser son modèle ». Une obligation à laquelle le ferroviaire devra également goûter, cela afin de proposer des solutions appropriées aux défis imposés par la question climatique. « Le TGV M, dont la mise en circulation est prévue pour fin 2024, consommera 32 % de CO2 en moins que les trains actuels », met en lumière l’étude.
L’inflation pour rattraper l’inactivité liée au Covid
À l’instar de nombreux biens et services, le prix des billets d’avion moyen et long-courrier au premier semestre 2022 explose très fortement par rapport au T1 2019 (+27 %). Une tendance qui suit la forte augmentation déjà constatée à la même période un an auparavant - une inflation à deux chiffres là aussi. Une hausse qui relève notamment de l’augmentation des prix du kérosène, mais aussi du désir des compagnies de restaurer leurs marges, fortement affectées par l’arrêt de l’activité.
Selon les projections, l’inflation continuera d’affecter également l’hôtellerie et le ferroviaire (respectivement entre 7 et 10 % et entre 4 et 6 %). « Pour l’heure, cette hausse des prix généralisée n’a pas impacté le secteur qui a été très dynamique en 2022. Néanmoins, cette forte reprise pourrait être en partie liée à un effet de rattrapage suite aux deux années noires du Covid », trace le baromètre.