Club des Managers achats : Comment adapter son offre de mobilité à l’évolution des attentes ?
Par Mehdi Arhab | Le | Mobilités
Le dernier club des managers achats de l’année 2024 portait sur la manière dont les Achats peuvent adapter l’offre mobilité de leur entreprise. Constituer son dispositif de mobilité, dans un environnement complexe et mouvant, n’est pas chose aisée. Mais des pistes prometteuses se dégagent pour répondre aux enjeux environnementaux et RH.
Adapter son offre de mobilité aux attentes des collaborateurs n’est aujourd’hui plus un simple choix, mais une nécessité. Pour les directions achats, cela implique de devenir des partenaires clés dans la transition vers des solutions de mobilité durables et flexibles. En investissant dans des outils de suivi, des partenariats innovants et une vision axée sur la RSE, elles pourront non seulement répondre aux exigences des salariés, mais aussi contribuer aux objectifs environnementaux et financiers de leur entreprise.
Elles n’ont de toutes les manières plus le choix tant le paysage de la mobilité des collaborateurs a profondément évolué au cours des dernières années, poussé par plusieurs facteurs clés. La transition écologique donc, avec une pression réglementaire croissante et des attentes sociétales autour de la réduction de l’empreinte carbone toujours plus importantes qui obligent les entreprises à repenser leurs politiques de mobilité. Les nouvelles pratiques de travail changent aussi la donne. En effet, l’essor du télétravail, du travail hybride et des outils comme Teams ou Zoom a réduit les déplacements réguliers et modifié les besoins en transport long. Les attentes des collaborateurs ont aussi, comme indiqué, évolué. Les salariés valorisent de plus en plus les solutions de mobilité flexibles, durables et adaptées à leur mode de vie largement chamboulé par la pandémie de Covid.
Et à cela se greffe une multitude d’enjeux RH et financiers. Les entreprises doivent plus que jamais concilier attractivité employeur, optimisation des coûts et conformité réglementaire dans leurs décisions. Pour les directions achats, le défi est d’intégrer ces évolutions dans leurs stratégies de gestion des fournisseurs et des solutions de mobilité, tout en tenant compte des objectifs financiers et environnementaux.
Une catégorie d’achats plus importante qu’il n’y paraît
Toutes ces initiatives répondent à des aspirations sociales et sociétales des collaborateurs, ce qui facilite les choses notamment au niveau de l’accessibilité
Si le voyage d’affaires ne représente, généralement, pas le plus gros volet achats des entreprises, cette catégorie n’en est pas moins importante et ce parce qu’elle cache des enjeux de première importance (RH, qualité de vie au travail, marque employeur …). C’est pourquoi beaucoup de donneurs d’ordre décident d’opter pour des solutions sur mesure pour répondre aux différents profils de collaborateurs (télétravailleurs, urbains, périurbains) plutôt que de passer par une approche standardisée. L’intégration de solutions multimodales (transports publics, vélos en libre-service, covoiturage, flottes partagées, etc.) est pour beaucoup un moyen de répondre aux besoins internes de façon la plus large. « Toutes ces initiatives répondent à des aspirations sociales et sociétales des collaborateurs, ce qui facilite les choses notamment au niveau de l’accessibilité », explique l’un des convives.
Pour satisfaire un pan de la stratégie d’entreprise en matière environnementale et de décarbonation, bon nombre d’entreprises adoptent des véhicules à faible émission - hybrides et électriques -, déploient des infrastructures adaptées (bornes de recharges, parkings pour vélos …) et multiplient les initiatives et campagnes de communication pour encourager les mobilités douces et les alternatives responsables. Mais une invitée, à la tête de la direction achats d’une société de transport et logistique, constate avec effroi que les camions électriques dont elle a équipé sa flotte ne tiennent pas vraiment leur promesse en matière d’autonomie. Les autres solutions propres sont pour certaines peu fiables encore. Beaucoup d’autres soulignent le coût élevé des équipements en bornes de recharge des parkings.
Dans le secteur public, différentes circulaires imposent aux établissements publics de diminuer le nombre de déplacements et le niveau de CO2 lié aux déplacements dans une quête de sobriété. Cette rationalisation vient, d’une certaine manière, répondre à un enjeu de taille : l’optimisation des coûts. Aussi bien dans le secteur public que privé, les acteurs économiques n’hésitent plus une seule seconde à revoir leur copie et à mettre en place des indicateurs pour mesurer l’impact de leurs solutions. Mais de là à arrêter les déplacements, il y a encore un monde. « Arrêter les déplacements, ce serait accepter de réduire aussi la production des équipes », note l’un des directeurs achats autour de la table. Dans un environnement mondialisé, difficile effectivement de faire sans déplacement. Il en va finalement de la santé économique des entreprises.
La mobilité verte à un coût, le fait de ne pas se déplacer non
« Jouer sur la norme comme on le fait ne nous avantage pas, d’autant que les émissions carbones de la France et de l’Europe dans son ensemble ne pèsent pas tant que cela au niveau mondial par rapport à celles de la Chine, de l’Inde ou des USA. En revanche, sur le sujet du voyage d’affaires, ne pas se déplacer quand l’on peut faire une réunion Teams relève du bon sens. Cela devrait être une évidence, d’autant que ce sont des solutions qui ne sont pas dispendieuses. Cela a une vertu économique, puisque cela permet de limiter les frais de déplacement et d’hébergement, etc. », soutient l’un des invités. « Nous ne sauverons pas la planète parce que l’on va réduire les déplacements professionnels. Cela apportera sa pierre à l’édifice, mais à son échelle », embraye un autre.
La pratique de la visio et la généralisation du télétravail ont donc bouleversé les déplacements professionnels. Les collaborateurs se déplacent beaucoup moins et de manière plus raisonnée. Et s’ils ne le font pas, ils doivent s’y plier, aussi bien pour des questions de coûts que pour des considérations environnementales donc. Conscients de l’empreinte carbone de leurs voyages d’affaires, peut-être, du temps perdu dans les transports dans des emplois du temps tendus, plus sûrement, beaucoup comment à s’interroger sur la nécessité d’un déplacement avant de l’entreprendre. Et pour des directions achats soucieuses de maîtriser les coûts, c’est évidemment un énorme avantage.