Risques fournisseurs : les défaillances d’entreprises proches du niveau d’avant crise
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Dans son analyse trimestrielle sur les défaillances d’entreprises en France, Altares Dun & Bradstreet note que leur nombre se maintient à un niveau historiquement bas en ce début d’année ; bien que les plans de sauvegardes, ainsi que les redressements et liquidations judiciaires ont fortement augmenté par rapport au premier trimestre 2021.
Si les mesures étatiques de soutien aux entreprises ont sans doute permis d’éviter un grand nombre de procédures ces deux dernières années, le premier trimestre 2022 est synonyme en France d’une augmentation importante du nombre de défaillances d’entreprises (+ 34,6 %). Avec 9972 procédures collectives ouvertes en ce début d’année, contre seulement 7406 lors du premier trimestre 2021, les défaillances et sauvegardes se rapprochent petit à petit du niveau d’avant crise (10 902 procédures au début de l’année 2020). « Amorcée dès novembre 2021, la hausse des ouvertures de procédures s’accélère chaque mois », lit-on dans le bilan tout fraîchement publié par Altares Dun & Bradstreet. Pour autant, ce niveau reste bien inférieur à celui des débuts d’année 2018 et 2019.
Dans le détail, le nombre de procédures de sauvegarde a notamment connu une hausse de 29,4 %, tandis que les redressements judiciaires ont augmenté de près de 50 %, avec 2188 jugements prononcés lors du premier trimestre 2022, contre seulement 1493 à la même période en 2021.
Les activités B2C restent les plus fragilisées
Quand bien même aucune activité n’est épargnée par cette tendance, les secteurs d’activités à l’endroit des consommateurs (commerce, restauration et services aux particuliers) sont fortement ébranlés. En effet, la situation dans la vente de détail et le commerce en magasins multi-rayons est particulièrement inquiétante et n’a de cesse de se dégrader, avec un nombre de défauts en hausse de 83 %. Dans le secteur de la restauration, le nombre de défaillances est même passé de 285 au premier trimestre 2021 à 600 en ce début d’année 2022 (+ 111 %).
Les activités B2B résistent quant à elles bien mieux lors du premier trimestre 2022. Le secteur de la construction enregistre une hausse des défaillances de 19 % seulement, soit moins que la moyenne nationale. Si le gros œuvre s’inscrit dans une hausse des défauts relativement faible (+ 12 %), le second œuvre est plus éprouvé par la hausse des défaillances et sauvegardes (+ 34 %). L’un des autres points de vigilance se trouve sur le secteur de l’industrie agroalimentaire, avec une explosion significative des défaillances (+ 95 %). L’industrie manufacturière parvient quant à elle à faire face (+ 29 %). Si l’agriculture connaît une hausse légère des défaillances (+ 12 %), ce secteur d’activité retrouve un niveau similaire à celui du premier semestre 2020, après avoir pourtant enregistré un recul de 12 % en 2021.
Les PME et jeunes entreprises bien plus menacées
Les PME et les entreprises récemment créées sont le plus souvent les plus durement touchées par le phénomène, puisque près de la moitié (+ 48 %) des organisations professionnelles entrées en défaillance sont âgées de moins de cinq ans. Une très large majorité des entreprises en cessation de paiement sont par ailleurs des TPE (+ 94 %). Concernant les PME de 10 à 49 salariés, les défaillances ont augmenté de 56 %, dépassant ainsi le niveau d’avant crise (645 au premier trimestre 2022 contre 632 au premier trimestre 2020).
Les entreprises établies dans la région Centre-Val de Loire, en Corse et en Ile-de-France semblent par ailleurs plus tenaces et moins sujettes aux défauts en ce premier trimestre 2022. La première région économique du pays n’enregistre une hausse que de 16 % par exemple, la Corse, elle, s’illustre même par une baisse de 2,4 % des défaillances.