Record des défaillances d’entreprises en France au dernier trimestre 2024
Par Mehdi Arhab | Le | Éthique et conformité
Selon les données recueillies par Altares, un peu plus de 67 000 entreprises françaises ont fait défaut en 2024, un record. Ainsi, près de 260 000 emplois seraient menacés. Aucun secteur d’activité n’est épargné et la tendance pourrait ne pas s’inverser avant un bon moment.
La situation est plus que difficile pour beaucoup d’entreprises depuis quelques mois. Et cela se ressent fortement. Fin novembre, la maison mère du Coq Sportif avait par exemple annoncé que l’équipementier sportif a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. Un symbole fort et qui illustre finalement parfaitement la période actuelle. Selon Altares Dun & Bradstreet, les défaillances sont au plus haut mais le rythme a quelque peu ralenti en fin d’année (+10 % contre +17 % sur l’année). Pas de quoi se réjouir de ce maigre répit tant la France ne cesse de voir son nombre de procédures ouvertes exploser depuis un an. Avec 18 709 procédures ouvertes, le dernier trimestre de l’année 2024 établit même un record pour une fin d’année et le cap des 67 000 jugements a été franchi selon le décompte d’Altares. En dix ans, seul le premier trimestre 2015 avait présenté un tel niveau de défaillances (18 750).
La situation est particulièrement inquiétante pour les structures de plus de 50 salariés, avec une hausse de +30 % (553) des procédures sur 2024. En ce qui concerne les PME-ETI dans la manufacture (+75 %), le commerce de gros (+76 %) ou le transport (+59 %), Altares dit observer des « taux records ». Dans ce contexte, le nombre d’emplois menacés sur 2024 augmente et s’inscrit à 256 000 sur l’année (vs. 245 000 en 2023). Après l’épisode exceptionnel de l’épidémie de Covid, où le nombre de défauts avait été largement limité grâce à l’intervention massive de l’État entre 2020 et 2022, les procédures collectives augmentent à un rythme global extrêmement inquiétant. La chose était évidemment inévitable mais beaucoup semblaient ne pas être préparés à affronter une telle vague.
Les liquidations judiciaires concentrent deux tiers des jugements prononcés
Point par point, les procédures de redressement judiciaire ont augmenté extrêmement vite en 2024, avec 19 641 jugements prononcés, soit 29,4 % de plus sur un an. Dans l’ensemble, près de 30 % des jugements sont des redressements judiciaires. En revanche, les procédures de sauvegardes représentent toujours à peine plus de 2 % de l’ensemble des jugements. Elles sont toutefois un tout petit peu plus demandées en 2024 qu’elles ne l’étaient en 2023 (1 549 en 2024 contre 1 537 en 2023). Plus des deux tiers (68 %) des jugements prononcés concernent des liquidations judiciaires. Les deux tiers (68 %) des jugements prononcés concernent in fine des liquidations judiciaires.
En 2024, un peu plus de 550 PME-ETI de plus de 50 salariés ont défailli, soit une hausse de 30 % par rapport à 2023 et, surtout, avec un rythme rapide au 4ème trimestre (+26 % ; 141). Les entreprises créées depuis moins de trois ans sont une nouvelle fois celles qui résistent le mieux au contexte actuel. Ces structures « présentent les meilleures évolutions sur l’année (+8 %) et mieux encore, sur le dernier trimestre (+5 %) », fait savoir Altares dans son étude. Mais qu’elles soient jeunes ou plus anciennes, ce sont dans l’ensemble les sociétés commerciales qui concentrent le gros des défauts (85 %, en augmentation de 16 points).
Le BtoB vacille
Le tissu entrepreneurial dans son ensemble n’échappe pas à la saignée. Et les difficultés pourraient encore s’accumuler pour les entreprises les plus fragiles. En effet, rien ne dit avec certitude que les taux d’intérêt élevés, l’augmentation des coûts de production et la faible demande qui leur est adressée évolueront (dans le bon sens) rapidement. Secteur par secteur, la construction concentre un peu d’un quart des procédures (27 %) des faillites et compte 5 111 défauts dont près de 4 000 dans les seules activités du bâtiment. Sur le dernier trimestre de l’année 2024, le second œuvre (+12 %) et les travaux publics (+16 %), sont à la peine à l’inverse du gros œuvre qui résiste un peu mieux.
Dans les services BtoB (2 563), la hausse est toujours très soutenue. Les entreprises de conseil pour les affaires sont particulièrement exposées (+ 20 %). Les activités liées au nettoyage (+ 21 %), aux systèmes de sécurité (+ 56 %) et d’information et communication (+ 23 %) ne vont guère mieux et restent en grand danger. Comme indiqué plus haut, le transport dans son ensemble souffre aussi considérablement. Toutefois, la tendance est un peu moins marquée pour le transport routier de marchandises (+13 %) tiré par le fret de proximité (+11 %). L’agriculture est l’un des rares secteurs à pouvoir relever la tête ; le secteur est en effet parvenu à contenir la vague avec seulement 436 défauts, en hausse de seulement 1,2 %. Les difficultés sont néanmoins sensibles dans l’exploitation forestière (+38 %).