Les défaillances d’entreprises toujours aussi importantes au premier trimestre 2025
Les défaillances d’entreprise continuent d’augmenter et menacent pas moins de 70 000 emplois. Si le pic durable est, selon Altares, bien identifié, la décrue, elle, n’apparaîtra pas de sitôt. Les motifs d’espoirs existent toutefois, comme en témoignent les progrès enregistrés par certains secteurs d’activité.

L’année 2025 ne devrait pas être celle de la décrue des défaillances d’entreprises, bien au contraire. Les derniers chiffres communiqués par Altares ne sont pas de nature à rassurer les acteurs économiques. La vague est toujours aussi impressionnante et elle continue de tout emporter sur son passage. Le cabinet a dénombré quelque 17 845 défaillances au premier trimestre 2025, un niveau largement supérieur à la moyenne des premiers trimestres sur 15 ans (15 300), soit une hausse de près de 4,5 %. Pas moins de 64 PME de plus de 100 salariés ont fait défaut ce trimestre (+ 28 %). Le nombre d’emplois menacés flambe à 71 000, du jamais vu depuis la crise de 2009.
Quelques motifs d’espoirs sont à noter tout de même. Si le niveau des défaillances d’entreprise demeure particulièrement élevé, il faut bien l’avouer, la faible augmentation confirme le « pic durable » déjà identifié à l’issue du 4e trimestre 2024. « À fin mars 2024, le nombre de procédures bondissait encore de + 29 % et il explosait de + 53 % à fin mars 2023 », rappelle Altares. Si le niveau se stabilise - une bonne nouvelle, sans aucun doute, « la véritable décrue va être difficile à amorcer », confirme le cabinet.
Danger de tous les côtés
Les nuages persistent donc et personne ne semble vraiment à l’abri. Les micro-entreprises de moins de 3 salariés constituent l’essentiel des défauts (72 %). Entre le début d’année et la fin mars, elles sont 12 867 à être tombées en défaillance, un nombre impressionnant mais en augmentation de seulement 3,6 %. Un peu plus de 3 500 TPE de 3 à 9 salariés ont fait défaut en ce début d’année, (+8,8 %), tandis que les PME de 10 à 99 salariés résistent beaucoup mieux : 1 407 d’entre-elles ont défailli contre 1 394 il y a un an, soit une quasi-stabilité ; En revanche, la situation reste très difficile pour les PME-ETI de plus de 100 salariés (+28 % sur un an).
Dans le détail, avec 373 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde est en hausse de 6,9 %. Les redressements judiciaires (RJ) connaissent aussi une hausse rapide de 7 % pour 5 077 jugements prononcés. De leur côté, les jugements en liquidation judiciaire (LJ) augmentent bien moins vite (+3,3 %). Mais avec 12 395 prononcées, les LJ représentent 69,5 % de l’ensemble des procédures.
Souvent en difficulté ces derniers temps, mais très résilient, le secteur de la construction (+ 2 %) sort la tête de l’eau. Plusieurs de ses activités sont dans le vert et donnent des signes de rebond en ce début d’année. C’est le cas du bâtiment. Le second œuvre subit une très légère dégradation (+2 %) en dépit d’une amélioration dans les travaux d’installation électrique (-3 %) qui ne compense malheureusement pas la mauvaise tendance observée notamment en plâtrerie (+17 %). L’inquiétude dans le secteur porte davantage sur les travaux publics, où les défaillances ont augmenté de 13 %.
En revanche, l’agriculture, les services et la restauration sont à la peine. L’élevage a vécu un premier trimestre particulièrement agité (+29 %) ; les services aux entreprises ainsi que la sécurité privée dérapent aussi très lourdement (respectivement 8 % et 40 %). Les services informatiques ne sont pas au mieux de leur forme non plus ( + 24 %), tandis que les défaillances dans le milieu du conseil en communication et de gestion (20 %) ainsi que du nettoyage de bâtiments (+14 %) subissent de plein fouet la vague. L’industrie manufacturière (+5 %) résiste bien dans l’ensemble, mais plusieurs de ses branches sont à l’agonie. Les disparités sont en effet particulièrement importantes, avec des hausses significatives des défaillances pour les entreprises de matériaux de construction (+28 %) et plus encore pour celles de l’énergie, de l’eau et de l’environnement en particulier la récupération de déchets (+70 %).