Club Planète Sourcing : l’économie circulaire, outil essentiel de sécurisation des achats de matière

Le dîner-débat du 3 septembre du Club Planète Sourcing avait pour objectif d’interroger la capacité des directions achats à passer à l’économie circulaire. Pour au moins la moitié de la vingtaine de personnes présentes autour de la table - en particulier les directeurs et directrices achats de l’industrie - c’est déjà une nécessité motivée par des raisons de sécurisation des approvisionnements autant que de RSE.

Nous travaillons avec nos fournisseurs à un taux de recyclage incorporé dans le neuf

« Nous travaillons avec nos fournisseurs à un taux de recyclage incorporé dans le neuf et tout le process qui doit permettre de recycler tous les matériels électriques posés », confirme le directeur achats d’un grand fournisseur d’énergie, qui a également mis en place des plateformes de réutilisation de matériel.

« Nous essayons de rattraper notre retard », confesse le directeur des achats d’un groupe français spécialisé dans les hautes technologies, qui liste un faisceau de motivations : « Nous sommes dans le monde des private equity, nous sommes poussés par les clients, nous sommes poussés par la réglementation et nous avons des équipes passionnées par le sujet ».

Le directeur des achats d’un grand producteur d’énergie cite également une série d’actions, notamment dans le réemploi : matières premières, matériel informatique, remblais de chantier, déchets divers…

Le meilleur allié des achats de matières premières aujourd’hui sont les spécialistes de l’analyse du cycle de vie

Mais s’engager dans des démarches de recyclage ne s’improvise pas. Toutes les démarches de recyclage ne sont en effet pas nécessairement vertueuses. C’est pourquoi Michelin a investi dans des experts en analyse du cycle de vie. « Le meilleur allié des achats de matières premières aujourd’hui sont les spécialistes de l’analyse du cycle de vie. Il y a six ans, il n’y en avait qu’un chez Michelin, maintenant ils sont toute une équipe. Dès que l’on développe un nouveau pneumatique, que l’on achète une nouvelle matière première, nous faisons des analyses du cycle de vie pour vérifier que si l’on gagne en émissions de CO₂, nous n’engendrerons pas des transferts d’impact », confirme la directrice achats RSE Fournisseurs du groupe Michelin, Hélène Vermont.

Ces sujets sont vraiment complexes, il faut voir la chaîne de bout en bout, mais le prix reste important

« Les directions des achats deviennent de plus en plus techniques et scientifiques, peut-être un peu moins juridiques et moins coûts. Il faut d’abord se préoccuper de la disponibilité de la matière. Le prix vient après », avance pour sa part, un brin provocateur, le délégué interministériel de la délégation aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques, Benjamin Gallezot. « Ces sujets sont vraiment complexes, il faut voir la chaîne de bout en bout, mais le prix reste important », recadre le directeur achats de l’énergie.

Nous sommes à la fois scientifiques et stratèges

« Nous sommes à la fois scientifiques et stratèges. De plus en plus, il faut regarder sur des horizons de long terme comment notre dépendance peut croître », abonde un confrère directeur achats d’un fournisseur d’énergie.

Pour faire avancer cette cause, des directeurs achats ont intégré cette nécessité et impulsé des démarches volontaristes. C’est le cas notamment d’un directeur achats du secteur minier. « Nous venons de demander à nos 80 plus grands fournisseurs de nous présenter leur plan d’action sur l’éco-circularité, tout comme nous l’avions fait sur la décarbonation », explique-t-il, assumant que cette première phase d’interrogation aura des conséquences à l’avenir dans les critères des appels d’offres.

Nous essayons de conserver au sein de l’Union européenne les matières recyclées

Preuve que recourir à des matières recyclées n’est pas un pis-aller, il peut exister une concurrence à l’achat sur ces matières et une compétition entre pays pour les accaparer. « Nous essayons de conserver au sein de l’Union européenne les matières recyclées pour éviter que cette ressource nous échappe et ne bénéficie pas à nos industriels », éclaire Benjamin Gallezot, qui cite notamment le cuivre issu de nos réseaux téléphoniques.

Nous avons tous été éduqués à une économie de ″Just in Time″ aujourd’hui, nous avons le devoir d’être préparée à une économie de ″Just in Case″

« Pour nos équipes achats, il n’est plus possible de rester à la surface sur ces sujets. Ce n’est plus un ″nice to have″ mais un ″must have″ de comprendre, de connaître et d’apprendre ces sujets », admet le directeur achats d’une grande entreprise du secteur des cosmétiques, qui élargit au-delà des questions techniques.

« Nous avons tous été éduqués à une économie de ″Just in Time″ aujourd’hui, nous avons le devoir d’être préparée à une économie de ″Just in Case″. Beaucoup d’événements sont susceptibles de se produire et je ne cherche pas à avoir une supply chain infaillible. Le sujet clé est celui de la résilience et cela fait appel à beaucoup de savoirs », conclut le président du Club Planète Sourcing, le directeur des achats de Sodiaal, Yasser Balawi.