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Des clefs pour gagner en agilité dans ses achats de prestations intellectuelles

Par Guillaume Trecan | Le | Prestations intellectuelles

Lors du club Brapi (Benchmark des responsables achats de prestations intellectuelles) du 9 novembre, le directeur des achats d’Axa Partners et la responsable achats P2I de la Société Générale ont donné deux exemples très différents de quête d’agilité : l’un à travers la méthode agile et l’autre dans ses process de référencement fournisseurs.

Le directeur des achats d’AXA Partners, Alexandre Dard, promoteur de la méthode agile aux Achats. - © Benedicte KARYOTIS
Le directeur des achats d’AXA Partners, Alexandre Dard, promoteur de la méthode agile aux Achats. - © Benedicte KARYOTIS

Née dans l’informatique, la méthode agile a fait son chemin dans la gestion de projets, en particulier pour des projets d’innovation… moins pour des projets d’achats. D’où l’intérêt du témoignage du directeur des achats d’Axa Partners, Alexandre Dard, invité à s’exprimer par François Tourette lors de la dernière réunion du Brapi (Benchmark des responsables achats de prestations intellectuelles). Alexandre Dard applique la méthode agile aux Achats, en s’appuyant sur l’outil de mindmapping Mindmanager. L’impulsion lui a été donnée par une coach agile qui accompagne les managers de différentes fonctions de son groupe pour définir ce que signifie l’agilité appliquée à leur métier.

Un outil de Mindmapping pour les achats d’AXA

Alexandre Dard a testé cet outil avec succès sur plusieurs dossiers d’achat, dont un dossier de négociation complexe impliquant une trentaine de personnes sur treize sites différents dans le monde, avec un enjeu d’une trentaine de millions d’euros. « Cet outil remplace un Sharepoint et permet d’avoir une vision à 360° sur le projet avec, sur la même page, l’ensemble des éléments d’une négociation », relève pour commencer Alexandre Dard, qui énumère les autres bénéfices de cette approche à 360 : mieux gouverner la relation fournisseur ; gérer les priorités et embarquer les parties prenantes ; lister les équipes impliquées en interne et chez le fournisseur ; mettre en exergue les écarts de méthode d’une entité interne à l’autre… servir de support pour communiquer sur le travail des Achats.

La puissance du management visuel est de démontrer très simplement tout ce qu’il est possible de faire

« La puissance du management visuel est de démontrer très simplement tout ce qu’il est possible de faire. C’est la porte pour entrer dans l’agilisation de sa fonction », résume Alexandre Dard. Preuve de sa conviction de l’intérêt d’un tel outil, sur ses cinquante licences achetées, il a proposé d’en prêter une à un des membres du Brapi, à charge pour lui de venir faire un retour d’expérience au Club.

Une grille de référencement plus souple à la Société Générale

Aux achats de la Société Générale, la méthode de référencement des fournisseurs de prestations intellectuelles n’est peut-être pas à proprement agile, mais elle a tout de même introduit de la souplesse et plus d’attractivité face à un marché en tension.

La direction achats de la Société Générale, qui gère 6,6 milliards d’euros d’achats dont 4 milliards d’euros pour la France, avec 180 acheteurs dont 120 à l’international, sélectionnait auparavant 400 fournisseurs de prestations intellectuelles informatiques (P2I), généralistes et spécialistes, pour couvrir 80 % de ses besoins. Un taux de couverture resté identique après l’application d’une nouvelle grille de référencement, mais avec moitié moins de fournisseurs.

Le plus beau avec cette grille, c’est que tout en permettant de réduire le nombre de fournisseurs actifs, elle a accru l’attractivité du donneur d’ordres vis-à-vis des profils en tension. La nouvelle grille fonctionne sur le principe de tarifs plafond par typologie de prestations, fruit d’un travail de benchmark minutieux réalisé par la responsable achat P2I, Linda Briand et d’Olivier Coville, responsables du Sourcing. Autre nouveauté de cette grille, la simplification contractuelle, avec désormais uniquement deux véhicules contractuels : engagement de moyen pour l’assistance technique et engagement de résultat pour les contrats d’objectif. 

Réduire la prime aux fournisseurs sortants

La précédente grille reposait sur quatre critères de sélection : capacité à répondre à de nouveaux besoins ; empreinte du fournisseur au sein du groupe ; performances coût et qualité ; et critères ad hoc correspondant à des enjeux opérationnels. En pratique coût et qualité déterminaient environ 70 % du choix

Coût et capacité à sourcer les bons profils représentent aujourd’hui 70 % du choix. De fait, les fournisseurs historiques ont dû produire de nouveaux efforts, leur historique à la Société Générale entrant beaucoup moins en ligne de compte.

En parallèle un process d’intégration de nouveaux prestataires, l’Incubateur, a été défini pour capter les profils pénuriques sur lesquels le marché est en tension. Ce process fonctionne sur le principe du sas : les candidats à l’entrée dans le référencement reçoivent pendant un an des appels d’offres qui permettent à la direction achats de les tester. Au-delà de cette année de test, s’ils répondent aux besoins du groupe, ils seront référencés.

Cet incubateur a par exemple été testé par l’entité GBSU du groupe sur les métiers de la transformation digitale. Sur une vingtaine de fournisseurs de sa liste digitale, trois nouveaux sont entrés et trois autres sont sortis. Globalement sur les 40 fournisseurs référencés par GBSU le panel évoluait jusqu’ici d’un ou deux par an. Maintenant 20 et 25 % du panel évolue chaque année.

 

Les tensions dans l’emploi IT toujours très élevées

Le marché de l’emploi dans le numérique a connu en 2020 sa onzième année de croissance consécutive, avec 4 600 créations d’emploi nettes sur un an, malgré la crise, pour un total de 538 260 emplois. Sur ce secteur de l’IT, Numeum prévoit un marché en croissance de 6,3 % à 56 milliards d’euros en 2021.

Il y a donc fort à parier que les ESN et les autres donneurs d’ordres peineront à pourvoir leurs postes ouverts au recrutement. Très recherchés, les jeunes diplômés monnayent plus cher leurs services, avec des salaires d’embauche à la sortie de l’école qui ont augmenté de 7 à 10 % dans les six derniers mois. Une inflation qui ne tardera pas à concerner les TJM.

Pendant ce temps, les plateformes d’intermédiation et les sociétés de portage salarial ne cessent de croître, ces dernières représenteront en 2022 un marché de 1,3 milliard d’euros, en croissance de 15 %. Les grandes ESN ont d’ailleurs toutes créé leurs propres plateformes d’indépendants, de même que les sociétés d’intérim, comme par exemple Proman, qui a racheté cette année trois sociétés de portage salarial. Autre acteur émergent de ce marché, Linkedin a ouvert sa plateforme au mois de septembre.