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Freelance.com avance vers la taille critique en passant par la Suisse

Par Guillaume Trecan | Le | Prestations intellectuelles

La plateforme d’intermédiation entre donneurs d’ordres et indépendants Freelance.com s’apprête à racheter un spécialiste suisse du portage salarial qui portera son chiffre d’affaires à plus de 630 millions d’euros à la fin de l’année.

Freelance.com avance vers la taille critique en passant par la Suisse
Freelance.com avance vers la taille critique en passant par la Suisse

Approuvé par le conseil d’administration, le rachat d’Helvetic Payroll a fait l’objet d’un projet de traité d’apport signé le 17 septembre et doit être conclu le 28 octobre par un vote en assemblée générale extraordinaire. Avec cette opération Freelance.com franchit une marche presque équivalente à celle du rachat d’Inop’s en 2020. La société comptabilisait alors 275 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA) et rachetait une société de 90 millions d’euros de CA. Aujourd’hui, avec 375 millions d’euros de CA, Freelance.com s’apprête à racheter une société de 155 millions d’euros de CA.

Objectif un milliard de CA en 2025

L’intérêt de Freelance.com pour cette société suisse, spécialiste comme lui du portage salarial et de l’intermédiation entre freelances et donneurs d’ordres, s’explique en partie par ce volume d’affaires significatif. « Fin 2021 nous ferons avec eux aux alentours de 630 à 640 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cela nous positionne comme un des acteurs majeurs de ce marché », explique Claude Tempé qui vise le milliard d’euros de CA en 2025.

La taille critique n’est pas seulement une priorité stratégique pour Freelance.com, c’est surtout une question de survie. Entre le rachat d’Inop’s et celui d’Helvetic Payroll, Freelance.com n’a d’ailleurs pas perdu de temps. La société a déjà racheté TMC, une entreprise de formation, et Coworkees, une plateforme d’intermédiation dédiée aux indépendants du marketing et du design.

« Le rapport au travail connait des changements profonds, en accélération exponentielle.

« Le rapport au travail connait des changements profonds, en accélération exponentielle. C’est une vague qui se lève sur laquelle énormément d’acteurs veulent surfer. Sur des marchés en construction comme celui-ci, la taille est un facteur clef. Le marché va se concentrer et nous voulons être un acteur de cette concentration », revendique Claude Tempé, convaincu que, sur un marché à faibles marges comme celui de l’intermédiation, les plus petits ont du souci à se faire. Pour ceux qui restent en revanche, la promesse ne manque pas de consistance : le freelancing représente déjà 40 à 45 milliards d’euros, là où le marché de l’intérim en France représente 30 milliards d’euros d’activité.

Une ouverture à l’international raisonnée

Au-delà de sa taille, Helvetic Payroll présente aussi l’intérêt d’offrir une ouverture sur l’international raisonnée à Freelance.com. « La Suisse est un pays polyglotte, qui a une culture internationale et qui a accès à des marchés sur lesquels nous ne sommes pas encore très présents », note le DG de Freelance.com qui résume : « c’est suffisamment près pour être bien maîtrisé et suffisamment ouvert vers des zones plus lointaines pour envisager une accélération de notre croissance à l’international. » A ce jour Freelance.com a des bureaux et des consultants à Singapour, au Maroc, en Allemagne, en Angleterre et maintenant en Suisse.

Troisième atout d’Helvetic Payroll, une très grande productivité résultant d’une culture de digitalisation et d’automatisation native. Le ratio effectif chiffre d’affaires de la société suisse est en effet imbattable. En 2020, ils ont atteint 155 millions d’euros de CA avec seulement 16 collaborateurs et, avec une personne de plus en 2021, ils devraient passer à 200 millions d’euros de CA.

« Freelance.com est phygital et cela répond mieux aux pratiques des donneurs d’ordres aujourd’hui. »

« Ils sont partis d’une feuille blanche et ont su faire grandir leur solution digitale parallèlement au développement de leur business », analyse Claude Sempé, qui espère bien que Freelance.com héritera la méthodologie et l’état d’esprit d’Helvetic Payroll. « Nous avançons progressivement vers l’automatisation, mais cela prend plus de temps que quand on part d’une feuille blanche », remarque-t-il. Pour le DG de la société, ce retard n’est en rien un obstacle, au contraire : « Freelance.com est phygital et cela répond mieux aux pratiques des donneurs d’ordres aujourd’hui. »

Les clients : donneurs d’ordres, indépendants et petites structures

« Il a fallu un certain nombre d’années pour que les entreprises comprennent que les indépendants étaient une force vive nécessaire à leur développement. Le potentiel de croissance est devant nous », se réjouit Claude Tempé qui rappelle que la vocation de Freelance.com est d’apporter des services aux donneurs d’ordres, mais également aux indépendants unipersonnels et aux petites structures de conseil (de moins de cinquante consultants), également assimilées à des indépendants étant donné leur disproportion par rapport aux grands donneurs d’ordres.

Freelance.com a grandi au gré d’opérations de croissance externe successives et plonge ses racines en 1995, à une époque où les possibilités d’automatisation étaient moins importantes. Lors de l’entrée de Claude Tempé dans Freelance.com en 2015, la société comptait 23 personnes, un an plus tard 120 personnes avec le rachat d’Ad’missions, 200 personnes en 2020 après le rachat d’Inop’s et 250 personnes après le rachat d’Helvetic Payroll. Cette acquisition étant réalisée pour partie en numéraire et pour partie en Actions à Bon de Souscription d’Actions Freelance.com, l’actionnaire de référence (groupe CBV ingénierie) détient toujours 55 % du capital et la maîtrise de son destin.