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Mirakl : « Les collaborateurs ont immédiatement saisi le rôle des Achats et leur valeur ajoutée »

Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha

Devenue l’une des principales têtes d’affiche de la French Tech, l’éditeur de places de marché Mirakl a été l’une des premières licornes françaises à bâtir son service achats. Pour conduire sa destinée, l’entreprise, valorisée à plus de 3,5 milliards de dollars et qui génère depuis deux ans désormais un revenu annuel récurrent de plus de 100 millions de dollars, a recruté Rémi Beaussart. Le responsable des achats revient, dans un entretien qu’il nous a accordé, sur les enjeux et attentes qui ont entouré le service.

Rémi Beaussart, Procurement Manager de Mirakl - © D.R.
Rémi Beaussart, Procurement Manager de Mirakl - © D.R.

Quelles ont été les raisons qui ont poussé Mirakl à structurer sa fonction achats ?

Qui dit levée de fonds, dit investissements et augmentation des dépenses

En 2021, Mirakl avait réalisé une levée de fonds historique, en bouclant un tour de table de 555 millions de dollars. Un tour de table qui était alors sans précédent et qui devait permettre à l’entreprise de matérialiser ses ambitions de croissance. Et qui dit levée de fonds, dit investissements et augmentation des dépenses. L’idée de structurer la fonction achats a alors émergé dans la tête des dirigeants, qui ont maintenant fait des émules dans la French Tech.

Les opérations achats étaient gérées jusqu’à mon arrivée par des référents, parmi lesquels le CFO et le directeur FP&A (NDLR : financial planning & analysis), qui agissaient dans une logique de continuité business afin de répondre au mieux à la fois aux besoins des collaborateurs et des clients tout en suivant la rapide croissance de Mirakl. 

De quelle façon le service achats est-il organisé ? Quel est son périmètre de responsabilité ?

La fonction achats est rattachée à la direction financière. Elle s’articule autour de trois personnes : un acheteur, un alternant et moi-même. La majorité des dépenses du groupe est aujourd’hui liée à ses activités en France et aux États-Unis. Les dossiers achats sont répartis en deux catégories : « tech » et « non-tech ». La première est bien évidemment prédominante et anime notre quotidien. En ce qui la concerne, nous achetons principalement des prestations d’hébergement web, des softwares et de la prestation intellectuelle. S’agissant de la catégorie « non-tech », nous administrons des achats liés à l’immobilier et à des prestations de services (conseil, prestations marketing et communication). Du fait de la taille de l’équipe, nous nous concentrons prioritairement sur les dépenses les plus importantes ; aussi bien en valeur qu’en risques qui y sont associés.

Sur quoi avez-vous justement concentré vos efforts au départ de l’aventure ?

Lors de ma prise de fonction en mars 2022, je me suis appuyé sur une analyse des dépenses, adossées à la matrice de Kraljic, permettant de classifier et analyser le portefeuille achats, pour identifier le poids stratégique des différentes familles. En agissant de la sorte, j’ai pu identifier les achats de plus faible importance, sur lesquels il n’est pas dérangeant et risqué de changer de fournisseur et à l’inverse, de repérer nos achats critiques et stratégiques, pour lesquels il peut être nécessaire de trouver des backups. De fait, les stratégies d’achats que nous apposons sont différentes et les leviers de négociation à utiliser ne sont pas les mêmes.

Pour ce qui concerne les sujets les plus sensibles, nous prenons les choses en main et nous nous occupons des renouvellements de contrat, des appels d’offres et des négociations

Pour ce qui concerne les sujets les plus sensibles, nous prenons les choses en main et nous nous occupons des renouvellements de contrat, des appels d’offres et des négociations. Pour le reste, nous assistons le prescripteur et tâchons de le faire progresser en matière de négociation, ou encore de pilotage de la relation fournisseur. Le but étant qu’il devienne autonome et puisse mener certains de ses achats lui-même.

                                                              

Comment vous positionnez-vous au sein de l’entreprise ? 

Nous sommes là pour accompagner les collaborateurs et leur inculquer le maximum de bonnes pratiques en matière d’achat

La fonction achats se positionne comme un business partner essentiel de tous les métiers du groupe. Nous sommes là pour accompagner les collaborateurs et leur inculquer le maximum de bonnes pratiques en matière d’achat. Les Achats jouissent d’une très bonne image en interne. L’accueil qui nous a été réservé m’a agréablement surpris. Les collaborateurs ont immédiatement saisi le rôle des Achats et la valeur ajoutée qu’ils apportent au sein de l’entreprise. Ils ont bien compris les avantages qu’ils tireraient à travailler avec des acheteurs professionnels. Nous sommes vraiment perçus par nos prescripteurs comme les mieux placés pour optimiser leur budget.

De quelle manière déclinez-vous les enjeux RSE de Mirakl aux Achats ?

Nous avons récemment signé le plan « Je choisis la French Tech », sous l’impulsion d’Hugo Weber, VP corporate affairs & impact de l’entreprise. Nous avons évalué, avec le CFO, nos dépenses faites auprès de startups françaises, établi de nouveaux objectifs et présenté les avantages de cette démarche à la direction générale. Étant nous-même membre du mouvement et du Next 40/120, cette signature s’inscrit dans une logique de partenariat gagnant-gagnant. Je suis du reste convaincu qu’acheter français nous permettra de satisfaire nos ambitions en matière de RSE.

« Être le bon ami » de la French Tech ne peut être que bénéfique. C’est une manière de faire-valoir nos valeurs, d’animer le tissu économique local et de faire éclore des synergies pour le moins intéressantes. 

Si Mirakl s’est implanté dans douze pays aux quatre coins de la planète, l’entreprise est dans son ensemble très attachée à ses origines. Toutes nos équipes tech et engineering sont basées en France. Mirakl accorde une importance toute particulière aux notions de qualité, de sécurité et d’accompagnement de sa clientèle. Les Achats doivent s’inscrire dans cette lignée ; « être le bon ami » de la French Tech ne peut être que bénéfique. C’est une manière de faire-valoir nos valeurs, d’animer le tissu économique local et de faire éclore des synergies pour le moins intéressantes. 

Nous avons aussi contribué au calcul de l’empreinte carbone du groupe. Le scope 3 en représente une énorme partie. De ce fait, nous planchons sur des actions à mettre en œuvre d’ici peu pour diminuer son incidence, en lien avec le plan du groupe, baptisé « Mirakl Goes Green ». Nous avons ainsi décidé d’ajouter systématiquement des critères RSE dans tous nos appels d’offres et consultations. Dernièrement, nous avons lancé deux initiatives autour de notre parc informatique et notre flotte de téléphone. Nous avions indiqué dans notre consultation que nous souhaitions être équipé en téléphones et ordinateurs reconditionnés. Nous alimenterons également le marché avec nos appareils actuels, afin qu’ils soient reconditionnés, puis remis sur le marché si leur état le permet. 

La DSI n’a-t-elle pas affiché des réticences pour des questions de sécurité informatique ou autre ?

Au contraire, c’est une initiative qu’elle a appuyée. Des pocs (NDLR : proof of concept) avaient été effectués au préalable avec du matériel reconditionné et se sont révélés convaincants. Nous trouvons, outre l’intérêt environnemental, un intérêt économique non négligeable dans cette démarche. Le choix a donc été facile, aussi bien pour nous que pour la DSI.