Qonto crée son service achats et nomme Aïssatou Sylla à sa tête
Par Mehdi Arhab | Le | Direction ha
Qonto, leader européen de la gestion financière des entreprises qui a levé pas moins de 622 millions d’euros depuis sa création en 2017, a recruté Aïssatou Sylla au poste de responsable des achats. Chargée de structurer la fonction au sein de la scale-up au développement éclair, elle doit définir une politique achats, dénicher des sources de gain de performance et accompagner les salariés dans leurs négociations et la sélection de leurs prestataires dans le cadre d’appel d’offres.
La fonction achats commence à se faire une place de choix dans les startups françaises et autres pépites du programme French Tech Next 40/120. En effet depuis quelques années désormais, elles sont nombreuses à se doter d’une direction des achats pour accompagner leurs ambitions de croissance. Un (petit) signe, sans doute, de la montée en puissance dans le paysage économique tricolore et de la montée en maturité de ces dernières qui visent, pour beaucoup encore, la rentabilité et un Ebitda positif. Qonto, devenue en quelque temps l’une des plus grosses licornes françaises, est l’une des dernières en date à avoir entrepris la construction de sa fonction achats. Pour conduire sa destinée, la scale-up, devenue il y a un peu plus d’un an la startup française la plus valorisée à la suite d’une levée de fonds colossale de 484 millions d’euros, a nommé en juillet dernier Aïssatou Sylla au poste de responsable des achats.
Hormis pour les achats liés aux dispositifs d’externalisation d’activité, l’entreprise ne comptait pas d’acheteur en mesure d’accompagner les collaborateurs sur les autres postes de dépenses
Les objectifs de cette dernière, rattachée au département Finance, sont simples : définir et structurer une politique achats groupe ; établir des process, procédures et développer des bonnes pratiques ; penser des stratégies d’achats par famille ; dégager des savings ; et, enfin, aider les collaborateurs de l’entreprise à mieux acheter. Un défi passionnant en tout point pour Aïssatou Sylla, qui continue, doucement mais sûrement, de prendre ses marques dans sa nouvelle entité. L’une de ses premières tâches a d’ailleurs été d’analyser les dépenses de l’entreprise. « Avant mon arrivée, Qonto a déployé un outil PtoP pour encadrer les actions achats. Hormis pour les achats liés aux dispositifs d’externalisation d’activité, l’entreprise ne comptait pas d’acheteur en mesure d’accompagner les collaborateurs sur les autres postes de dépenses », retrace la nouvelle responsable des achats. Toutefois, dans une entreprise en hypercroissance, difficile de se contenter de si peu, d’où le choix de Qonto et de ses dirigeants d’accélérer le mouvement et de poursuivre sa montée en force sur la partie achats.
Jeu d’équilibriste
L’arrivée de la fonction achats est un changement à ne pas négliger et il faut préparer les collaborateurs, démontrer la valeur ajoutée d’une fonction achats à travers une réactivité et des résultats rapides et concrets
La responsable des achats de la jeune pousse accompagne l’équipe Stratégie dans ses appels d’offres et intervient sur des catégories variées : de l’IT, des software et hardware, des prestations marketing et de communication, diverses prestations intellectuelles. Des dépenses effectuées exclusivement par certains collaborateurs de l’entreprise, desquels Aïssatou Sylla doit se rapprocher. Son travail : favoriser la connaissance de la fonction achats auprès de ses collègues qui œuvrent sur d’autres lignes de métier. « Le plus important est d’obtenir leur adhésion. L’arrivée de la fonction achats est un changement à ne pas négliger et il faut les y préparer, démontrer la valeur ajoutée d’une fonction achats à travers une réactivité et des résultats rapides et concrets », expose la responsable des achats. Pour ce faire, elle prévoit de former les principaux clients internes aux techniques de négociation et de mettre en place des bonnes pratiques et des guidelines de manière à faciliter le processus de sourcing.
Les clients internes doivent continuer à être autonomes, le tout étant de leur permettre de l’être dans un meilleur cadre, avec les outils les plus adaptés
Avec ces savoirs et outils de pilotage, les clients internes seront en meilleure position pour défendre les intérêts de leur entreprise. « La dynamique doit rester similaire, d’autant plus pour les sujets peu critiques à l’endroit du business. Les clients internes doivent continuer à être autonomes, le tout étant de leur permettre de l’être dans un meilleur cadre, avec les outils les plus adaptés », assure Aïssatou Sylla. Si elle accompagne pour le moment ses collaborateurs sans les limiter dans leurs actions, la responsable des achats prévoit évidemment de définir un seuil minimum sur l’accompagnement sourcing. « Il faut savoir jongler entre le quotidien marqué par l’opérationnel et la définition d’une vision long terme, qui se traduit par une approche stratégique fine. D’ici quelques temps, mon intervention sera nécessaire à partir d’un certain seuil, qui sera défini prochainement », commente-t-elle.
Grandir, oui, mais à son rythme
Voilà qui semble logique finalement, à plus forte raison à l’aune de la folle envolée ces derniers mois de Qonto, fondée par Alexandre Prot et Steve Anavi. L’établissement, qui emploie 1 300 personnes et compte 400 000 clients sur quatre marchés, nourrit encore de (très) grandes ambitions. Présente à Paris, Berlin, Milan, Barcelone et Belgrade, l’entreprise espère atteindre le million de clients sur l’ensemble de ses marchés d’ici la fin d’année 2025. Des chiffres qui donnent le tournis et qui accentuent, de manière plus ou moins directe, l’importance grandissante de sa fonction achats. Aïssatou Sylla estime au demeurant qu’il sera souhaitable de recruter de nouveaux acheteurs pour conformer les achats à l’essor de l’entreprise. « L’entreprise est en croissance et ses dépenses augmentent d’année en année. Dans ce contexte, il est nécessaire de créer une fonction achats en ligne avec cette dynamique de croissance », explique la responsable des achats avant de poursuivre :
« Aujourd’hui, les fonctionnalités de notre P2P, que nous avons mis en place en avril dernier, nous permettent d’avoir des données de dépenses précises et de définir des stratégies de sourcing », confirme-t-elle.
Plutôt que de s’appuyer sur d’autres outils achats spécifiques dès maintenant, Aïssatou Sylla a mis en place un formulaire de demande via Notion, au sein duquel les clients internes font valoir leur besoin. « La mise en place d’un outil de sourcing n’est pas une priorité, mais une solution de ce genre permettra à l’avenir d’y voir plus clair sur le sujet à traiter, le budget alloué et les risques qui lui sont associés », confirme-t-elle.