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Manutan : « Une démarche d’économie circulaire ne va pas augmenter les coûts »

Par Guillaume Trecan | Le | Contenu sponsorisé - Environnement

Face à l’intérêt croissant de ses clients acheteurs, Manutan structure son offre et sa capacité de recommandation. Rachetée dernièrement, la start-up Zack, devenue Manutan Collecte et Revalorisation propose par exemple un service de revalorisation des PC et téléphones. Revue de la méthode et des étapes à suivre pour les Achats par Quentin Bures, manager de l’Excellence Achat client.

Quentin Bures, manager de l’Excellence Achat client, Manutan. - © D.R.
Quentin Bures, manager de l’Excellence Achat client, Manutan. - © D.R.

Les acheteurs de vos clients manifestent-ils un intérêt croissant pour l’économie circulaire ?

Nous avons observé une augmentation progressive des demandes, plus globalement, autour des démarches RSE. L’économie circulaire fait partie des solutions étudiées par les acheteurs qui veulent mettre en place une politique achats responsables. Dans le même temps, la prise de conscience du fait que le modèle d’économie linéaire sur lequel nous fonctionnons n’est pas durable a progressé. Seuls 7 % de ce qui est produit est issu de l’économie circulaire. Pour certains clients, l’intérêt est aussi venu de leur stratégie commerciale. Ceux qui ont positionné l’économie circulaire dans leur proposition de valeur l’exigent aussi de leurs propres fournisseurs.

L’économie circulaire décryptée

Pour aller plus loin lire l’article « Qu’est-ce qu’un achat circulaire et quels sont les enjeux »

Télécharger le livre blanc de Manutan

Quelles sont les principales motivations des acheteurs ?

Pour certains, c’est leur conviction personnelle qui les oriente vers ce sujet, qu’ils ont à cœur de décliner dans leur engagement professionnel. D’autres le font en conformité avec l’orientation stratégique de leur entreprise. D’autres enfin y voient la possibilité d’apporter de l’innovation et de valoriser la fonction achats.

Ma première recommandation est de commencer par cibler une catégorie d’achats sur laquelle des partenaires sont déjà établis

Comment un acheteur peut-il vendre ce sujet à sa direction générale ?

La plupart des acheteurs sont preneurs de conseils pour initier une démarche d’économie circulaire. Ma première recommandation est de commencer par cibler une catégorie d’achats sur laquelle des partenaires sont déjà établis. Il est également important de montrer à la direction générale qu’une démarche d’économie circulaire ne va pas augmenter les coûts et qu’elle permet notamment de valoriser l’image de l’entreprise.

Quels conseils donnerez-vous pour entreprendre une démarche d’économie circulaire efficace dans la fonction achats ?

Pour intégrer l’économie circulaire à leur modèle économique, les entreprises doivent concevoir une stratégie dédiée et privilégier la collaboration entre tous les départements, plutôt que de laisser les Achats initier seuls la transition. Cette approche implique une révision des besoins internes en coopération avec les différentes équipes, une connaissance des solutions circulaires du marché, la promotion de l’innovation et de la collaboration contractuelle, ainsi que l’intégration de critères circulaires dans les spécifications d’achat. L’évaluation des premières initiatives permettra aux responsables des achats de tirer des enseignements pour aligner ces actions sur la stratégie établie.

Nous revendons tous les équipements informatiques ayant encore de la valeur et reversons à nos clients en moyenne 70 % du montant de revente obtenu 

C’est un segment sur lequel vous avez effectué une opération de croissance externe l’an dernier. En quoi consiste votre offre ?

Nous avons racheté l’an dernier la start-up Zack qui est devenue Manutan Collecte et Revalorisation. Ce service propose à nos clients la possibilité de collecter et revaloriser leurs produits informatiques : ordinateurs, PC portables, téléphones portables… Une fois la collecte effectuée, leurs équipements sont envoyés dans le centre de tri de l’association Ateliers sans Frontières qui réalise un diagnostic complet, permettant la meilleure seconde vie aux produits et l’effacement des données : nous revendons tous les équipements informatiques ayant encore de la valeur et reversons à nos clients en moyenne 70 % du montant de revente obtenu ; les produits utilisables qui ne trouvent pas d’acheteurs sont donnés à des associations pour être reconditionnés et revendus à des prix solidaires ; les produits non réutilisables sont démantelés et recyclés dans le respect de l’environnement pour alimenter l’industrie française.

Nous transmettons un bilan écologique, sociétal et économique à nos clients permettant de mesurer leur impact environnemental

A la fin de l’opération, nous transmettons un bilan écologique, sociétal et économique à nos clients permettant de mesurer leur impact environnemental : la quantité de matériel sauvé, l’économie en équivalent d’émission de CO2, l’impact sur la réinsertion professionnelle. Depuis cet été, nous avons étendu le service au mobilier de bureau.

Quelles sont les perspectives de développement de cette offre ?

Notre but est à la fois d’élargir le nombre de gammes sur lesquelles nous allons proposer ce service et d’étendre ce service à tous nos clients en Europe. Il est actuellement disponible uniquement France et très prochainement sur le Benelux  ; ce qui nécessite des ajustements d’un point de vue logistique.

Comment agissez-vous sur l’autre versant de l’économie circulaire : l’éco-conception des produits que vous revendez ?

Chez Manutan, un produit écoresponsable est un produit avec des labels environnementaux, et avec au minimum 25 % de matériaux recyclés ou produits de seconde main et de matériel reconditionné. Il est important de référencer plus de produits écoresponsables, c’est pourquoi nous avons triplé notre offre en un an. Pour cela nous déployons une politique d’achats responsables auprès de nos fournisseurs. Cette politique passe notamment par un audit afin de mieux connaitre leurs critères RSE tels que : la composition de leurs produits, leur qualité, leur engagement social… Nous avons mis en place ce type de démarche pour inciter nos fournisseurs, comme le font avec nous nos clients, et les accompagner dans une amélioration continue de leur démarche RSE.

Y a-t-il un autre levier sur lequel l’acheteur peut jouer pour faire avancer ce sujet de l’économie circulaire ?

Il est dans le rôle de l’acheteur de challenger le besoin. Il peut ainsi proposer - au lieu d’acheter un produit neuf - d’acheter un produit de seconde main ou produit recyclé ou recyclable. Mais il peut surtout remettre en question la nécessité d’acheter ce produit, par exemple en suggérant de ne remplacer les PC qu’une fois tous les quatre ans, plutôt qu’une fois tous les trois ans, ou même passer à la location plutôt qu’à l’achat. De nombreuses alternatives sont possibles.