Les tensions sur la supply chain donnent encore des nœuds aux cerveaux des décideurs
Par Mehdi Arhab | Le | Supply chain
Dans une enquête commandée par l’éditeur de solutions de spend management Coupa et parue tout récemment, 80 % des entreprises françaises interrogées indiquent que les perturbations de leur chaîne d’approvisionnement constituent une véritable source de préoccupation. Celles-ci craignent d’ailleurs que les tensions persistent encore et encore. En cause : les brouilles géopolitiques, mais aussi l’inflation.
Si certains en doutent encore, la montée des risques modifie bien de long en large les stratégies en matière de sourcing. Comme le révèle une enquête menée par Morning Consult pour Coupa, sur près de 1 000 décideurs supply chain établis aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, près d’un tiers (32 %) assure vouloir désormais favoriser le nearshoring. Mieux encore, près de huit décideurs sur dix (78 %) affirment que leurs choix futurs se fondent sur « l’intérêt national à travers des opérations domestiques ». Le multi-sourcing est également un axe privilégié pour 30 % des répondants.
Par ailleurs, 80 % des responsables et directeurs supply chain français interrogés admettent que les perturbations de leur chaîne logistique est une source de préoccupation de premier ordre. Et ce peut-être pour une raison : près d’un tiers d’entre eux reconnaissent en effet avoir subi au moins incidents majeurs sur leur chaîne d’approvisionnement, ayant eu de « lourdes répercussions ». Ils sont par ailleurs près de 30 % à penser que les difficultés actuelles perdureront dans les six à douze mois en raison de « l’incertitude géopolitique » qui plane ; 22 % pointent quant à eux la tendance haussière ; 18 % la gestion des coûts de transport.
Pénurie de matières premières … et de main-d’œuvre
Outre l’inflation, les décideurs doivent également gérer un autre problème de taille : les pénuries de matières premières. Et pour cause, les profondes tensions sur certains approvisionnements ressenties ces trois dernières années semble laisser des marques durables. Pour quatre répondants sur dix, le sujet a été en haut de la pile. Or, les matières premières ne sont pas les seules à manquer, puisque les entreprises sont aussi confrontées à un manque de personnel pour 37 % d’entre elles. Une difficulté supplémentaire en ces temps particulièrement difficiles. Les délais de livraison sont eux aussi sources de tourment pour les décideurs.
Malgré ces perturbations, les entreprises françaises ne sont que trop peu équipées et outillées pour tenir vraiment bon. Seuls 26 % des répondants assurent avoir mis en place une équipe dédiée, tandis que plus de la moitié (55 %) réfléchissent à une stratégie pour remédier aux troubles de leur chaîne d’approvisionnement. Plus inquiétant, 18 % des entreprises françaises attestent ne pas avoir encore abordé le sujet en interne.
La digitalisation, élément de choix pour sortir la tête de l’eau, mais encore trop peu démocratisé
Aux yeux d’une grande majorité de décideurs français interrogés (80 %), la digitalisation permettra de rendre la Supply Chain plus agile et robuste. Mais les investissements peinent encore à décoller. En effet, à peine 36 % des entreprises ont investi en matière de digitalisation et seulement 29 % prévoient de s’engager sur cette voie dans les six prochains mois.
Au-delà de la nécessité de digitaliser, 44 % des entreprises françaises estiment qu’elles doivent optimiser leurs stocks. L’amélioration de la distribution est un autre enjeu de taille pour 4 donneurs d’ordres sur dix.