Le freelancing attire autant de travailleurs que d’entreprises
Par Mehdi Arhab | Le | Prestations intellectuelles
Menée conjointement par Malt et le cabinet BCG, l’étude Freelancing in Europe, la deuxième du nom, note une nette reprise de l’activité parmi les freelances. Le phénomène du freelancing touche de plus en plus des professionnels en poste, désireux de mener leur vie active autrement.
Pour bon nombre de professionnels aguerris, emprunter la voie du freelancing est de plus en plus perçu comme un choix de vie et de carrière attrayant. Cette tendance se confirme par ailleurs sur la plateforme Malt, sur laquelle le nombre de freelances inscrits a bondi de 39 % en 2021 ; un taux qui grimpe encore plus fortement sur les catégories métiers management de projet, commerciaux et Business Developers (+ 63 %). « Les fonctions qui ont le plus crû sont historiquement les moins éligibles au freelancing. Le Covid a été un révélateur pour ces catégories et explique cette différence de croissance avec les fonctions du digital notamment », décrit Alexandre Fretti, directeur général de Malt.
Trois raisons à cela : un équilibre vie professionnelle-vie personnelle de meilleure qualité, ainsi qu’une flexibilité organisationnelle préférable et l’assurance d’une autonomie et indépendance accrues. « La notion de choix est importante pour les freelances, qui peuvent choisir où, quand, comment et avec qui travailler », note Alexandre Fretti. D’ailleurs, une large majorité des 3334 freelances français, allemands et espagnols se disent satisfaits de leurs conditions et de leur choix, 70 % d’entre eux (68 % en France) avouant ne pas vouloir s’orienter vers le salariat. Le tarif journalier moyen pour les métiers de la tech et de la data en France est de 546 euros, contre 746 euros en Allemagne. Concernant le consulting, il grimpe même à 792 euros en France et 1074 euros en Allemagne.
Les PME et TPE comme clients principaux des freelances
Outre les aspirations liées à l’indépendance et à la flexibilité dans l’organisation de leur agenda, les freelances interrogés, d’une moyenne d’âge de 37 ans en France et 43 ans en Allemagne, attachent une importance toute particulière au lieu où ils exerceront leur travail. Avec une moyenne d’une demi-journée par semaine passée à développer et aiguiser leurs compétences, ces derniers mettent tout en œuvre pour conserver un niveau d’excellence dans leur fonction : « les freelances sont les maîtres incontestés de la formation », note l’étude Freelancing in Europe. Ils consacrent également en moyenne quatre par semaines à cultiver leur réseau.
Si les confinements successifs avaient mis à l’arrêt certains projets, le recours au freelancing a bondi au cours de l’année 2021, les entreprises souhaitant bénéficier d’une expertise plus poussée pour répondre à des besoins en interne liés à la multiplication de projets. Les indépendants constituent un réservoir de talents sans équivalent pour les organisations professionnelles et ils sont en mesure de leur occasionner une forte valeur ajoutée. Mais si les PME et les TPE sont les plus disposées à collaborer avec les freelances (69 % des freelances français interrogés et 77 % des freelances espagnols travaillent avec des TPE), les grandes entreprises ne font que peu appel à leurs services. En effet, seuls 14 % des freelances français interrogés disent travailler régulièrement avec de grands groupes. En Espagne, ils ne sont que 5 %, tandis qu’en Allemagne, bien que le taux soit plus élevé, ils ne sont que 20 % à collaborer fréquemment avec des grandes entreprises. « Pour les PME et TPE, l’accès au freelancing est simple, car il n’y a pas de process inflexibles », commente Alexandre Fretti, qui remarque néanmoins un potentiel de croissance élevé sur le recours au freelancing par les grands groupes.
De nombreuses entreprises considèrent que le contrat, avec un salarié ou un freelance, importe bien moins que la compétence
Face à un marché de l’emploi en tension et une pénurie de profils compétents sur le marché du travail traditionnel, les entreprises se tournent également vers les freelances car il ne faut, en moyenne, que six petits jours pour en recruter un. Une aubaine, quand le délai de recrutement d’un cadre peut s’étaler sur plusieurs semaines. « De nombreuses entreprises considèrent que le contrat, avec un salarié ou un freelance, importe bien moins que la compétence de la personne qui mènera la mission. De plus, la vitesse d’exécution dans le recrutement d’un freelance est un levier important pour les entreprises », analyse Alexandre Fretti.
La promesse employeur a de l’effet
En ces temps, la quête de sens est une notion des plus importantes. À l’imitation de nombreux talents salariés, les freelances accordent un certain poids à la promesse employeur. Ainsi, l’intérêt du contenu de la mission pointe en tête des préoccupations de 71 % des freelances français consultés (76 % en Allemagne) et 50 % d’entre eux estiment que le brief de départ est décisif dans leur choix ou non de collaborer avec une entreprise. En outre, des process rigides et un manque d’autonomie sont perçus comme des freins à la réussite de leur collaboration.
Comme tout un chacun sur le marché du travail, les freelances sont confrontés à de multiples difficultés. Pour 24 % d’entre eux en France, 28 % en Allemagne et 29 % en Espagne, il est difficile d’être payé en temps et en heure. Mais tout ceci ne remettrait pas en cause le fait que 65 % des freelances français interrogés expriment leur confiance dans l’avenir - le taux grimpe même à 82 % pour les freelances français des métiers tech et data. Un grand nombre de freelances avaient au préalable fait ce choix de carrière en toute conscience - cela concernant 89 % des freelances interrogés par Malt en Espagne, 91 % en France et 96 % en Allemagne. « Le freelancing est un phénomène mondial et le freelance reste un statut qui est le plus souvent choisi », soutient en conclusion le directeur général de Malt.