OVH Cloud bâtit un portefeuille de sources d’énergies renouvelables
Par Guillaume Trecan | Le | Énergie environnement
Le contrat d’approvisionnement sur 15 ans, signé par OVH Cloud avec EDF Energies renouvelables, va permettre la construction d’une centrale photovoltaïque d’une capacité de 50 MW près de Brignoles (83), dédiée aux besoins du groupe en France.
OVHcloud marque ainsi des points sur trois tableaux : la réduction de son empreinte CO2, la sécurisation de ses approvisionnements énergétiques et la performance économique de ses achats d’énergie… ces atouts ne sont pas classés par ordre d’importance.
Le site de production d’énergie photovoltaïque qu’EDF Energies renouvelables va construire pour alimenter OVHcloud couvrira entre 20 et 25 % de sa consommation actuelle en France, donc moins à l’avenir puisque cette consommation ne cesse de croître. Mais, via des certificats d’origine garantie, OVHcloud achetait déjà, en France, 100 % d’énergie décarbonée.
Nous sommes un gros consommateur d’électricité en France, il est donc important que nous contribuions à développer le parc
En revanche, en s’engageant ainsi auprès de l’énergéticien à lui acheter sa production à des prix garantis pendant 15 ans, le champion français du cloud développe un actif qui sécurise son avenir. « Nous sommes un gros consommateur d’électricité en France, il est donc important que nous contribuions à développer le parc », explique le directeur des achats, Gauthier Gamby, qui affiche l’ambition avec ce contrat « d’avoir un impact additionnel sur le parc d’énergies renouvelables en France. »
Un tarif stable sur le long terme
Pour ce qui est des tarifs, il peut d’autant plus se satisfaire du résultat de sa négociation, qu’elle a commencé l’an dernier, à un moment où les prix de marché étaient encore raisonnables. « Nous faisons une bonne affaire compte tenu des prix actuels du marché devenus complètement fous. Nous bénéficions d’un prix presque fixe - assorti d’une revalorisation annuelle de 0,5 % - qui est, d’entrée, très compétitif », se félicite Gauthier Gamby.
Ce contrat est le fruit d’un an de travail du directeur achats avec une catégorie manager et le directeur industriel du groupe, François Sterin. Une première phase de RFP s’est déroulée d’octobre à décembre 2020, avec un accompagnement par la practice sustainability de Capgemini Invent pour identifier les fournisseurs potentiels. Sept sociétés ont été consultées, trois shortlistées, puis les projets de deux d’entre elles ont été étudiés de plus près.
Nous voulions que, localement, notre empreinte soit perçue positivement
Outre les critères de prix et d’état d’avancement du dossier, la capacité du projet à s’insérer dans un environnement local s’est avérée déterminante. « Dans les trois projets que nous avons short-listés, il y avait toujours une implication locale, soit via la mairie, soit via des associations. Nous voulions que, localement, notre empreinte soit perçue positivement », explique Gauthier Gamby.
Conduite avec l’aide du cabinet d’avocat Norton Rose Fulbright, la phase de négociation du contrat et de ses annexes a pris ensuite plus de six mois. « Etant donné que c’était notre premier CPPA, nous avons dû beaucoup expliquer ce mécanisme en interne et en quoi il nous engage », relève le directeur des achats.
Le contrat d’achat d’électricité est signé en même temps que le contrat de financement du développement de l’actif
Les risques qu’un tel contrat doit couvrir, sont en effet nombreux. « Le contrat d’achat d’électricité est signé en même temps que le contrat de financement du développement de l’actif. Un troisième contrat existe même souvent avec le fournisseur de solution de panneaux solaires. C’est tout un jeu de garantie qui se met en place entre les différentes parties », explique le directeur industriel d’OVHcloud, François Sterin.
Entrée en service dans deux à trois ans
Ces garanties sont destinées notamment aux financeurs du projet. En cas de défaillance du producteur, le pool bancaire reprendrait par exemple le contrat, OVHcloud s’engageant à maintenir ses commandes. Elles doivent aussi couvrir EDF Energies Renouvelables. L’énergéticien avance plusieurs dizaines de millions d’euros dans le développement de cette centrale photovoltaïque qui mettra encore deux à trois ans avant d’entrer en activité, en comptant les délais d’obtention des permis de construction, le chantier, ou encore le raccordement au réseau.
La centrale photovoltaïque dont 100 % de la production lui sera dédiée ne sera pas raccordée directement aux sites d’OVH. L’énergie qu’elle produit sera injectée dans le réseau et OVHcloud sera alimenté par un troisième acteur avec qui il lui reste à contractualiser, un responsable d’équilibre, qui lui garantira de couvrir 100 % de ses besoins, de jour comme de nuit, quel que soit l’ensoleillement.
Le prochain contrat, dont la préparation débute en janvier 2022 avec l’autre projet shortlisté, devrait bénéficier de cette acquisition d’expérience qui n’est pas neutre financièrement. « Rien que dans la transaction, un tel projet demande un investissement conséquent. Il est important de trouver des façons de faire qui allègent ce coût », décrypte François Stérin qui bénéficie sur ce sujet d’une grande expérience, ayant déjà conclu un des premiers CPPA en 2013, alors qu’il était directeur Global Infrastructure de Google.
Nous espérons que ce projet soit le premier d’une longue série
« Nous espérons que ce projet soit le premier d’une longue série », annonce le directeur industriel du groupe pour qui l’enjeu consiste à « définir une stratégie à l’échelle européenne, si possible, et bâtir un portefeuille de solutions incluant d’autres technologies afin d’être le plus possible en adéquation avec nos besoins en temps réel. » Cet enjeu sera d’autant plus important lorsque la part du renouvelable sur le réseau sera plus significative.
Outre la France, les travaux d’OVHcloud concernent maintenant l’Allemagne et la Pologne. Il s’agira de projets de plus faible envergure, mais à plus fort impact CO2. En Pologne par exemple, le mégawatheure d’électricité produit émet en moyenne 800 kilos de CO2 contre 50 en France.
Objectif : mesurer le TCO2 des fournisseurs
Responsable de l’outil industriel d’OVH Cloud, 33 datas centers dans le monde, à l’origine de 95 % des émissions carbone du groupe, le directeur industriel, François Stérin, est tout naturellement le sponsor de la cause environnementale au niveau du comex. Avec l’initiative Sustainable Procurement & Supply Chain, l’énergie est l’un des deux chantiers environnementaux du groupe qui implique directement les Achats.
Le poids du Scope3
« Nous incluons de manière bien visible notre scope 3 dans notre reporting environnemental. Il représente plus de 50 % de notre impact carbone », indique François Stérin. « Dans une décision entre deux fournisseurs, nous devrions être capables de mesurer un coût financier et un coût carbone, un TCO2 », résume le directeur financier.
Une demande client
La question de la mesure dépasse le seul enjeu d’affichage ou de reporting, elle correspond à un besoin croissant des clients d’OVH Cloud. « De plus en plus, nos clients nous demandent des données précises sur l’empreinte CO2 de nos solutions », confirme François Stérin. « Nous avons vu cette année le poids des indicateurs environnementaux et de l’impact carbone gagner en importance, dans leurs politiques achats, jusqu’à représenter parfois 25 % des critères de choix », poursuit-il.
Recyclage et réemploie
Pour gagner en performance dans ses propres achats, OVH Cloud travaille notamment sur l’axe du recyclage et le réemploi ; « 100 % de nos composants sont réutilisés recyclés ou retraités via des entreprises spécialisées », explique François Stérin, qui s’attache également à donner une deuxième, voire une troisième vie à ses serveurs. De son côté, le directeur achats, Gauthier Gamby travaille sur la recyclabilité du packaging et l’optimisation du transport en lien avec l’équipe supply chain.