Un ancien directeur achats se sert du judo comme levier de management
Par Guillaume Trecan | Le | Rh ha
Aurélien Rothstein, directeur achats d’Essilor jusqu’en 2020, utilise avec son cabinet Engagement et Performance le sport pour mobiliser les énergies en entreprise, notamment autour de plans de transformation.
L’ancien directeur achats d’Essilor, Aurélien Rothstein, s’est associé en septembre 2020 avec Benoit Campargue, directeur des équipes de France de judo jusqu’en 2012 et ex-responsable sportif de Lotus Formula One. Leur crédo, énoncé par Aurélien Rothstein : « Nous avons la conviction que l’engagement est un levier de performance majeur et qu’il y a des choses à faire pour traiter ce levier de manière professionnelle dans les entreprises. Notre idée pour cela est d’utiliser des biais décalés, le sport par exemple. »
Clarins et Stéphane Diagana
Une méthode qu’il a déjà appliquée pour le compte de la direction achats de Clarins, avec laquelle il a organisé des événements visant à remobiliser les collaborateurs et les fournisseurs, notamment la « Feetweek » fournisseurs avec Stéphane Diagana. En septembre dernier il a réuni au Dojo de l’Institut français du judo une cinquantaine de collaborateurs de l’éditeur Lefebvre Dalloz, commerciaux, consultants et managers en pleine réorganisation pour les aider à prendre de la distance par rapport aux problématiques de cohésion d’équipe et de changements de rôle auxquels ils font face. « Au travers des fondamentaux et des valeurs du judo, des messages extrêmement forts peuvent s’appliquer à l’individu et au développement de ses compétences. Appliqués au groupe, ils permettent de contrer les résistances au changement dans les phases de transformation », explique Benoît Campargue.
En pratique, cet atelier s’est déroulé sur une matinée divisée en quatre temps : un échauffement pour mobiliser physiquement et psychiquement les participants ; une conférence de Benoit Campargue sur son parcours ; un apprentissage physique des principes du judo ; et une démonstration de judo. Plus tard dans l’après-midi, les participants tirent les enseignements de leur matinée et prennent des engagements. Le dispositif est suivi de retours sur expérience et de contrôle des engagements une semaine, un mois et trois mois après l’événement.
« Etant judoka moi-même j’ai toujours pratiqué ses valeurs dans mon parcours de directeur achats »
« Etant judoka moi-même, j’ai toujours pratiqué ses valeurs dans mon parcours de directeur achats. Ses principes sont tout à fait applicables à la négociation et à la gestion des fournisseurs », rappelle Aurélien Rothstein. « Il est notamment très vrai que l’adversaire est un partenaire. Ce sont les fournisseurs les plus exigeants qui nous font progresser, qui nous font développer des compétences et nous challengent dans nos spécifications si elles ne sont pas assez précises. De même, quand on se trouve dans une négociation face à un fournisseur très conflictuel, plutôt que résister et perdre énormément d’énergie, mieux vaut se servir des principes du judo et utiliser l’énergie du fournisseur pour atteindre mon but », conclut-il.