BNP Paribas : « Tout l’écosystème de la mobilité a changé »
Par Guillaume Trecan | Le | Mobilités
Ophélie Desmarest-Boisson, directrice des achats groupe Corporate Services de BNP Paribas, revient sur le profond virage pris par la catégorie d’achats Mobilité depuis la crise Covid. Deux tendances caractérisent cette crise, une inflation que la direction achats entend bien juguler et une volonté de décarboner, partagée par les collaborateurs et qui va changer durablement les pratiques.
Que recoupe la catégorie achats de mobilité chez BNP Paribas ?
Cette catégorie regroupe tout ce qui permet les déplacements professionnels de nos collaborateurs tels que les moyens mis à disposition pour organiser les voyages d’affaires - l’aérien, le train, la location courte durée, les hôtels et les agences de voyages. Cela comprend aussi la location longue durée par l’intermédiaire de notre filiale Arval, une société qui propose des solutions de mobilités (des flottes de véhicules électriques, autopartage, vélos, des hubs de mobilité) notamment pour les entreprises et leurs collaborateurs.
Combien de personnes travaillent avec vous sur cette catégorie achats de mobilité ?
Cela fait plus d’une dizaine d’années que nous avons créé cette structure constituée d’une équipe centrale de quatre personnes qui animent une communauté d’une centaine de personnes en relais dans les différentes entités du groupe. Les travel managers présents dans les 65 pays du groupe nous permettent de créer des programmes mondiaux cohérents avec les besoins de l’ensemble de nos collaborateurs. Nous avons également une structure qui coordonne nos fleet managers pour être le relais d’Arval dans les pays.
Nous mettons à leur disposition une matrice baptisée « Should I stay or should I go » permettant à chacun d’évaluer son besoin de se déplacer
Quels sont vos objectifs prioritaires ?
Comme toutes fonctions achats, notre rôle principal est de maîtriser la dépense externe, en particulier dans le contexte actuel d’inflation. Nous avons par ailleurs la volonté de réduire autant que possible l’empreinte carbone liée aux déplacements. Ainsi, nous mettons à disposition de nos collaborateurs des outils qui permettent d’optimiser leurs déplacements professionnels. Par exemple les outils de réservation en ligne avec une évolution forte des choix de mode de transport, le train étant de plus en plus privilégié même pour rejoindre des pays européens limitrophes. Nous mettons également à leur disposition une matrice baptisée « Should I stay or should I go » permettant à chacun d’évaluer son besoin de se déplacer.
Quels arguments utilisez-vous pour convaincre un collaborateur de ne pas se déplacer ?
Nous demandons de justifier l’intérêt d’un voyage. Cela commence par le fait de privilégier les déplacements destinés à rencontrer nos clients, tandis que les réunions internes sont plus fréquemment organisées en visioconférences grâce à des systèmes identiques partout dans le monde. Cela facilite l’organisation de réunions à distance. Nous nous appuyons aussi beaucoup sur des campagnes de sensibilisation qui rappellent la politique voyage du groupe et les enjeux liés au déplacement.
Le voyageur reste donc souverain dans son choix de se déplacer ou pas ?
Les collaborateurs se coordonnent avec leur manager qui valide les déplacements. Notre équipe, en plus d’analyser les coûts, met à leur disposition un tableau de bord permettant de suivre les déplacements professionnels. Grâce à cela, nous enregistrons une baisse sensible de la dépense et des volumes transactionnels des déplacements.
Nous travaillons donc en étroite collaboration avec notre filiale Arval pour répondre au mieux à ces attentes d’une flotte plus durable
Comme faites-vous jouer l’effet groupe avec Arval ?
Tout l’écosystème de la mobilité a changé et continue à changer au gré des nouvelles obligations réglementaires et sous l’influence d’une demande croissante de véhicules plus respectueux de l’environnement. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec notre filiale Arval pour répondre au mieux à ces attentes d’une flotte plus durable, tout en veillant à optimiser les coûts, notamment en formant nos collaborateurs à l’écoconduite. Cela fait partie d’une politique d’usages que nous mettons en œuvre pour sensibiliser le collaborateur aux différentes offres que nous proposons, adaptées à différents besoins de mobilité : véhicules électriques ou hybrides, vélos électriques, autopartage…
Dans ces grandes tendances qui font évoluer votre approche, qu’est-ce qui vous paraît durable et qu’est-ce qui vous semble plus conjoncturel ?
Aujourd’hui, notre objectif premier consiste à juguler l’inflation. Nous sommes tous confrontés à des hausses massives dans l’industrie du voyage d’affaires Cette inflation est due à l’effet pandémie. Nous devons revenir à des niveaux de prix plus cohérents, comparables à ceux que nous avions avant Covid, avec un mix volume prix qui permette d’instaurer une relation gagnant-gagnant avec nos partenaires.
L‘enjeu environnemental, en revanche, est une tendance durable qui modifie profondément les pratiques. De nombreux collaborateurs sont sensibles à ce sujet et nous travaillons effectivement avec nos fournisseurs à trouver des solutions qui correspondent à leurs nouvelles attentes. Mettre les moyens pour proposer des déplacements optimisés, certes, en termes de coûts mais aussi en matière environnementale est très important.